La robe des chevaux franches-montagnes ne va pas se blanchir

La disposition des taches blanches sur la robe des chevaux franches-montagnes restera très réglementée. Le comité de la Fédération suisse du franches-montagnes a fait mercredi une brusque volte-face juste avant l’assemblée des délégués qui devait se pencher sur la question.
In this photo provided by Steamboat Ski Resort Corp., three paint horses head for the corral during the Sombrero Horse Drive held in the Browns Park area near Craig, Colo., in early May 2006. Close to 500 horses were driven to the Sombrero Ranch near Craig, Colo. (KEYSTONE/AP Photo/Steamboat Ski Resort Corp., Larry Pierce) ** **
In this photo provided by Steamboat Ski Resort Corp., three paint horses head for the corral during the Sombrero Horse Drive held in the Browns Park area near Craig, Colo., in early May 2006. Close to 500 horses were driven to the Sombrero Ranch near Craig, Colo. (KEYSTONE/AP Photo/Steamboat Ski Resort Corp., Larry Pierce) ** **

Un assouplissement de la réglementation sur les taches blanches aurait conduit à long terme à une hausse de leur proportion au sein du cheptel. Avec des chevaux franches-montagnes qui auraient pu prendre l’apparence de leurs homologues américains (ici des paint horses, dans le Colorado)?

© KEYSTONE

Benjamin Fleury
Benjamin Fleury
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Le blanc devait être au centre des débats mercredi après-midi à Saignelégier à l’occasion de l’assemblée des délégués de la Fédération suisse du franches-montagnes (FSFM). Pas celui de la neige qui saupoudrait au même moment les pâturages des Franches-Montagnes. Mais celui qui apparaît parfois sur la robe de ses chevaux emblématiques.

Suite à certaines polémiques qui ont secoué l’élevage, le comité de la FSFM avait décidé il y a plusieurs mois de réempoigner le dossier très délicat de ces taches blanches pour suggérer certaines modifications.

Pas seulement une question esthétique

À l’heure actuelle, la disposition de ces marques sur la robe des étalons est très restrictive. Les mâles reproducteurs doivent avoir une couleur unie (en principe baie ou alezane) et ne peuvent présenter que des balzanes (bas des jambes) ou du blanc sur une partie de la tête.

Mais ce cadre strict, qui supprime de fait de bons candidats au rang d’étalons du processus d’élevage simplement car ils présentent des marques blanches trop étendues, est-il vraiment le bon? Le comité de la FSFM a cherché la bonne manière de répondre à cette question qui dépasse les simples considérations esthétiques. Sans la trouver.

Un comité emprunté

Il a d’abord étudié une première piste qui consistait à juger les étalons en fonction de leurs valeurs d’élevage (leur matériel génétique). Mais il l’a abandonné, car difficilement faisable. Il a ensuite proposé, en début de ce mois, une mesure drastique, à savoir de supprimer, purement et simplement, toute la réglementation sur les taches blanches.

"Il faudrait aussi adapter les buts d’élevage."

Un comité emprunté

Il a d’abord étudié une première piste qui consistait à juger les étalons en fonction de leurs valeurs d’élevage (leur matériel génétique). Mais il l’a abandonné, car difficilement faisable. Il a ensuite proposé, en début de ce mois, une mesure drastique, à savoir de supprimer, purement et simplement, toute la réglementation sur les taches blanches.

En gros, l’élevage FM serait passé d’un cadre restrictif à un autre complètement ouvert. Mais surprise mercredi en début d’assemblée, le président Andreas Aebi a fait savoir que le comité avait décidé, le matin même, de retirer ce point de l’assemblée. "Je vous avoue qu’on a commis certaines erreurs", a-t-il relevé simplement, estimant qu’il avait été intéressant de se pencher sur cette question. Dans les rangs de l’élevage jurassien qui défend plutôt la typicité et l’identité du franches-montagnes, la satisfaction était de mise.

Pas de chevaux pie

Pourquoi cette nouvelle volte-face? Vice-président de la FSFM, François Lachat fait savoir que le comité a pris cette ultime décision, car les syndicats n’ont pas eu suffisamment de temps pour débattre de cette proposition.

Statu quo pour le moment donc. La porte reste fermée à une extension des taches blanches. À long terme, celle-ci aurait permis à certains chevaux de présenter une robe pie (bicolore), comme les races américaines, souvent associées aux cow-boys, en ont la caractéristique. Si cela était souhaité par certains éleveurs outre-Sarine pour séduire une nouvelle clientèle, les syndicats jurassiens se montraient de leur côté plutôt soucieux de conserver l’image historique d’un cheval franches-montagnes à la robe unie.

Buts d’élevage à revoir

Et la suite? Ce dossier, qui suscite des discussions dans l’élevage FM depuis de nombreuses années, va rester sur le haut de la pile de la Fédération suisse. Selon les explications de François Lachat, la FSFM compte bien résoudre une bonne fois pour toute cette question.

"On se rend compte qu’il ne faudrait pas simplement modifier le règlement des marques blanches, mais aussi adapter les buts d’élevage. Actuellement, on considère que la robe doit être baie ou alezane", signifie le vice-président.

La cheffe d’Agroscope se défend

Tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes pour la race franches-montagnes. Le maintien des effectifs reste un véritable défi. Le nombre de naissances s’est réduit de 34 unités en 2023, passant pour la première fois sous la barre des 1700, selon le rapport annuel de la Fédération suisse du franches-montagnes. À titre de comparaison, 2885 naissances avaient été recensées en 2013.

Cette tendance et notamment la hausse de la consanguinité inquiètent. Sur proposition des syndicats de la Veveyse et de la Glâne, les délégués de la FSFM ont demandé mercredi à leur faîtière d’établir un rapport sur l’état actuel de l’élevage FM et son évolution au cours des 20 dernières années. Les deux syndicats fribourgeois espèrent ensuite que cette étude servira de base pour établir une stratégie d’élevage claire et mettre en place des mesures adéquates pour garantir un avenir sain à la race.

La baisse des prestations fournie par le Haras national est aussi source de crispations. Alors que ce centre de compétences de la Confédération pour les équidés vient d’en réduire certaines qui profitaient directement à l’élevage franches-montagnes, le président de la FSFM Andreas Aebi a appelé au maintien d’un haras fort. Il a promis de poursuivre les échanges avec le conseiller fédéral Guy Parmelin pour que ce centre qui dépend d’Agrocope ne soit pas touché par les mesures d’économies.

"Nous devons évaluer toutes nos tâches", lui a répondu Eva Reinhard. Ayant fait le déplacement à Saignelégier, la responsable d’Agroscope a révélé que le budget d’Agroscope s’est réduit de 3 millions de francs en 2024 et que le centre de compétence tentait de conserver au mieux ses tâches les plus utiles. Eva Reinhard a précisé que le cheval FM n’était de loin pas le seul concerné par les coupes budgétaires.

Mario Gandolfo entre au comité

Le comité de la Fédération suisse du franches-montagnes connaît certains changements. Lors de son assemblée mercredi, les délégués ont désigné Mario Gandolfo pour remplacer le Delémontain Jean Froidevaux, par ailleurs gérant de la Fédération jurassienne d’élevage chevalin. L’éleveur et meneur réputé de Fregiécourt s’est dit très fier de cette élection. Pour la petite histoire, sa passion pour l’élevage lui a été transmise par Pierre-André Froidevaux, qui n’est autre que le frère de Jean.

Le comité compte toujours trois Jurassiens en son sein. François Lachat (vice-président, de Saint-Ursanne) et Pierre Koller (Bellelay) en sont aussi membres. Par ailleurs, la Jurassienne Pauline Queloz est toujours en charge de la gérance.

Le Quotidien Jurassien

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