L’art de ripoliner l’inox du bassin de la piscine de Delémont

Travailleurs de l’ombre, les employés de la piscine de Delémont s’affairent aux derniers préparatifs avant l’ouverture officielle, prévue le 9 mai.
Delémont le 17 avril 2024 .  Préparatifs un mois avant l'ouverture de la piscine de Delémont . photo Stéphane Gerber
Delémont le 17 avril 2024 .  Préparatifs un mois avant l'ouverture de la piscine de Delémont . photo Stéphane Gerber

Voici à quoi ressemble l’eau de la piscine après sept mois de stagnation .

© LQJ

Antoine Membrez
Antoine Membrez
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Le rideau de fer à l’entrée de la piscine est encore baissé, pareil à ces échoppes de glace typiques des petits villages italiens, qui ne rouvrent qu’une fois les touristes revenus. Il ne remontera que le 9 mai pour l’ouverture officielle. De l’autre côté, les tourniquets hibernent encore serrés l’un contre l’autre. On se surprend à entendre déjà les haut-parleurs de la terrasse crachoter un fond de musique. Si cela peut rendre le travail moins pénible, ce sera toujours ça de pris.

Le travail surtout de ce brave employé qui affronte le vent, le froid et la pluie les pieds dans des bottes et les bottes dans une eau vert foncé d’algues. Il est dans la fosse du grand bassin, le visage juste découvert de sa combinaison blanche, un karcher à la main pour rendre l’inox de la structure aussi brillant que le fond d’une casserole.

On pensera à lui et à ses collègues lorsqu’on se baignera, eux qui peaufinent même le ripolinage au balai éponge. On y pensera même doublement: ce travail ne s’effectue que par temps froid ou mauvais.

Au moindre rayon de soleil, l’inox se met à chauffer et fait s’évaporer l’acide utilisé pour faire briller le métal. "Ces jours, par exemple, c’est idéal", lance Francis Blandino, l’homme au karcher.

Ce travail ne s’effectue que par temps froid ou mauvais.

Vidé il y a trois semaines

Le bassin a été vidé il y a trois semaines, directement dans les eaux usées. Il était jusque-ici rempli de la même eau depuis septembre dernier, de sorte qu’une pression suffisante s’exerce sur l’inox et empêche ainsi les mouvements de terrain de le déformer. Au fil des mois, le chlore s’est peu à peu évaporé, laissant libre champ à la prolifération d’algues et de végétaux. Complices de ce verdissement, les arbres alentour et leurs feuilles qui fournissent une matière nutritive idéale.

Plus de chlore pendant l’hiver, donc, mais un autre produit, destiné à ralentir le gel de l’eau. Parallèlement à cela, un tuyau muni de petits jets est installé tout autour de la piscine afin de créer un infime mouvement qui empêche les bords de la surface de se solidifier. Les canards, qui semblent apprécier le lieu sitôt celui-ci libéré, en sont sans doute reconnaissants.

Quelques surprises peuvent parfois apparaître au moment de la vidange, raconte Francis Blandino, comme des ossements d’animaux, probablement amenés par les oiseaux, ou quelques crapauds qui barbotent.

Aussi le toboggan

Il n’y a pas que le grand bassin. Avant que les baigneurs n’arrivent, il faut s’occuper entre autres des deux vestiaires, nettoyer chaque casier un par un. Comptez trois jours de travail par vestiaire.

Réparer les éventuelles fuites du petit bassin aussi, réviser les pompes de la machinerie, qui ne sont pas les mêmes que pour la piscine couverte. Le grand toboggan encore, qu’il faut débarrasser de son calcaire avant qu’une entreprise spécialisée ne vienne inspecter chaque boulon de l’installation.

Ce n’est de toute manière pas ces jours qu’on songera à mettre le maillot de bain.

Le Quotidien Jurassien

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