La farce remonte à quelques années. Mais ce gros coquin d’Ivano Quaratiello se fait un malin plaisir de la relayer, à chaque fois que le 1^er avril approche.

Le jour fatidique, cet employé à la voirie du chef-lieu jurassien s’est dit qu’il serait bienvenu de rigoler un peu. Et sur le dos d’une autre personne, évidemment. Pas d’hésitation: ce sera sa meilleure amie.

"Nous étions devant l’hôtel Le National, à Delémont. On creusait afin de changer une conduite d’eau. J’ai alors décidé d’appeler une connaissance que j’apprécie beaucoup. Je lui ai expliqué ce que nous étions en train de faire avec les collègues et qu’on avait besoin de savoir si l’alimentation en eau de son appartement avait été rétablie. En précisant bien: "En eau chaude…"

Direction la voisine

À en croire les dires d’Ivano Quaratiello, sa grande copine n’a pas mis longtemps avant de tomber dans le trou de la conduite: "Elle est allée vérifier dans sa salle de bains. À cet endroit, tout était en ordre. Je l’ai alors incitée à aller voir si tout était également OK chez ses voisins. J’enfonçais encore le clou en lui disant que j’avais besoin de ses précieux services pour voir si le boulot avait été effectué dans les règles."

L’amie s’est donc exécutée, en se rendant à l’étage en dessous. Elle frappe à la porte. "C’est à partir de là que j’ai été démasqué. Ma meilleure amie m’a insulté par téléphone. Elle m’a ensuite fait la gueule pendant un mois. J’ai rigolé au début, puis je m’en suis un peu voulu. Mais bon. Croire qu’il y a de l’eau chaude dans des conduites…"

La dame dupée se prénomme Stéphanie. Elle revient volontiers sur ce poisson d’avril mais entend préserver son anonymat. On peut la comprendre. Cela lui évitera des railleries lorsqu’elle se promènera dans la rue…

"Sur le moment, j’avais grosse honte…"

"Si la plaisanterie était excellente? Pour eux, oui, mais pas forcément pour moi, narre l’amie en question. Je n’avais pas beaucoup rigolé. D’ailleurs, j’en ai entendu sur le sujet durant plusieurs mois. Je recevais même des cartes postales qui me rappelaient l’anecdote."

Bonne joueuse, Stéphanie s’en veut surtout d’avoir ferré ce gros poisson d’avril du premier coup: "J’ai tout gobé, je suis tombée les deux pieds dans le gros piège qu’on venait de me tendre. Lorsque je me suis rendu compte que nous étions le 1^er avril, il était bien sûr trop tard. Sur le moment, j’avais grosse honte. Et quand je repense à ce photomontage que l’on m’avait adressée, montrant un lac avec un réservoir…"

L’infortunée a-t-elle songé à se venger? "Non, ce n’est pas mon truc. Aujourd’hui, je préfère en rire…" En creusant dans sa mémoire, Ivano Quaratiello se fait soudain mal aux tripes: "Quand je lui ai demandé si elle avait de l’eau chaude, Stéphanie était en train de faire la vaisselle!"

Alors ça oui, c’est le cas de le dire: les deux pieds dedans!

À la pêche au poisson d'avril