Une profonde aversion aux injustices: c’est le dénominateur commun de bon nombre de personnes actives dans les mouvements alternatifs. Les motivations à rêver d’un monde meilleur changent néanmoins d’époque en époque.

Membre de Longo Maï depuis 1974 et habitant de la ferme du Montois à Undervelier, Raymond Gétaz a été marqué par l’esprit soixante-huitard, même s’il n’a pas participé aux événements de mai 1968, n’ayant que 15 ans à cette époque.

Comme ses aînés à peine plus âgés qui lançaient des pavés, il s’insurgeait contre le patriarcat et le conservatisme extrêmement pesants d’alors. "Aujourd’hui, on ne se rend pas compte à quel point la société était renfermée sur elle-même. En dehors des grandes villes, et encore, le concubinage était très mal vu. En Valais, il était interdit jusqu’en 1996", pointe Raymond Gétaz.

Le membre de Longo Maï ressentait de très près le poids des traditions, venant d’une famille petite-bourgeoise aux valeurs patriarcales. "J’étais révolté contre mes parents. Je voulais sortir de ce carcan familial", se rappelle-t-il.

De nombreuses raisons de se révolter

Raymond Gétaz s’insurgeait aussi contre la société de façon générale. Et les causes d’indignation ne manquaient pas: le consumérisme effréné, la guerre au Vietnam, la dictature militaire au Chili, les inégalités sociales, la soumission des pays du sud par ceux du nord, le colonialisme, la guerre d’Algérie, l’apartheid en Afrique du Sud, et cetera, et cetera.

"À l’époque, on pensait que la société allait droit dans le mur et qu’on ne pouvait pas continuer ainsi. On était persuadé qu’il y aurait bientôt une révolution."

Malgré ses idées révolutionnaires, il était hors de question pour Raymond Gétaz de rejoindre les groupes d’extrême gauche, se revendiquant de courants de pensée se terminant en "isme" et très nombreux en ces années. "Pour moi, toutes ces idéologies sont des étiquettes qui catégorisent les groupes de personnes et sont trop schématiques."

Alors qu’il fait des études de sociologie, avec l’intention d’y trouver les clés pour provoquer le changement tant attendu, il rencontre un étudiant. Celui-ci lui parle de Longo Maï qui avait créé sa première coopérative en Provence.

Raymond Gétaz abandonne ses études, qui l’ont désenchanté, et rejoint cette communauté, qu’il n’a plus quittée depuis. "Ce qui m’a plu à Longo Maï, c’est qu’en même temps que l’esprit de révolte, il y avait une action concrète dans des régions délaissées par le capitalisme."

C'était différent avant, deuxième partie