Michel Ory à l'observatoire Oukaïmeden
Magazine
- 29.01.2024

Des étoiles dans les yeux


Premier épisode - 29.01.2024

François Hurter, de Lajoux, chasse les exoplanètes en amateur

Cette semaine, la série du Quotidien Jurassien vous emmène dans l'espace. Avec, pour commencer, le portrait de François Hurter, de Lajoux, qui participe depuis 2018 au projet Exoclock, qui a pour but de confirmer et suivre les mesures temporelles des transits des exoplanètes cibles d’Ariel.
François Hurter dans "son antre" devant l’ordinateur qui lui permet de piloter son téléscope.
François Hurter dans "son antre" devant l’ordinateur qui lui permet de piloter son téléscope.

François Hurter dans "son antre" devant l’ordinateur qui lui permet de piloter son téléscope.

© BIST/Olivier Noaillon

En 2028, l’Agence spatiale européenne va lancer, par le biais de la fusée Ariane 6, une mission de quatre ans ayant pour but d’observer mille atmosphères d’exoplanètes. Baptisée Ariel, elle sera chargée d’étudier la manière dont les exoplanètes sont constituées, comment elles se sont formées et comment elles ont évolué. Il s’agit de la première mission dédiée à mesurer la composition chimique et les structures thermiques de centaines d’exoplanètes en transit.

Pour faciliter le travail d’Ariel, la plateforme Exoclock est chargée de confirmer et suivre les mesures temporelles des transits (n.d.l.r.: on parle de transit planétaire lorsqu’une planète passe devant son étoile et fait baisser très légèrement sa luminosité. Environ 300 planètes ont déjà été détectées avec la méthode des transits) des exoplanètes cibles d’Ariel, jusqu’à son lancement en 2028.

80% d’amateurs

La plateforme comprend quelque 540 participants, parmi lesquels 80% d’amateurs, répartis sur 15 pays. En novembre 2022, quelque 4777 observations avaient déjà été faites par 450 télescopes, dont 80% d’une taille inférieure à 17 pouces (celui de François Hurter, baptisé Albireo, du nom de la cinquième étoile la plus brillante de la constellation du Cygne, mesure 14 pouces).

"Ce qui est dingue dans l’astronomie, c’est que les amateurs peuvent s’intégrer facilement dans des programmes de recherche s’ils le désirent. Pour faire ces observations, il n’y a pas besoin de gros télescopes professionnels", se réjouit François Hurter.

Depuis qu’il a intégré Exoclock en 2018, il a fait cinq observations de transit seulement: "Beaucoup de conditions doivent être réunies pour pouvoir faire ces observations. D’abord, il faut qu’il fasse beau, ensuite il faut que l’étoile soit déjà là au moment du transit, et encore là à la fin. Et enfin il faut être disponible au bon moment, ce qui n’est pas toujours le cas."

Un résultat pas immédiat

Chaque observation lui prend environ 6 heures, une photo étant prise toutes les deux minutes: "Ce qui est fou, c’est que c’est le lendemain seulement qu’on voit le résultat. Jusque-là, je ne sais pas ce que cela va donner."

On peut voir sur l’image ci-dessous l’observation faite par François Hurter de l’exoplanète HAT-P-20b le 13 mars 2020. On y constate très bien comment la luminosité de l’étoile baisse quand l’exoplanète passe devant.

"Rendre le futur plus sûr"

Mais les exoplanètes ne sont pas les seuls corps célestes qui intéressent François Hurter. Il est également membre d’un projet participatif qui observe les astéroïdes, et envoie régulièrement ses observations à l’Union astronomique internationale: "Des astéroïdes, il y en a beaucoup, et parmi eux certains sont dangereux."

En les observant, il a d’ailleurs l’impression de "participer à ce que notre vie future soit plus sûre", en permettant la détection des astéroïdes menaçant la terre.

"Ce qui est passionnant, c’est que l’astronomie fédère beaucoup de vécu humain."

Celui qui fût professeur de mathématiques et de physique, puis enseignant à la HEP, avant de prendre sa retraite, fait remonter sa passion de l’astronomie à son enfance, lorsqu’il feuilletait, chez ses grands-parents à Bienne, Le grand livre de l’astronomie, de Camille Flammarion.

"Ce qui est passionnant, c’est que l’astronomie fédère beaucoup de vécu humain. Et parmi les passionnés, il n’y a pas que des scientifiques. Il y a aussi les rêveurs, les romantiques, ceux qui ont des étoiles dans les yeux à l’évocation des planètes et des galaxies. Sans compter l’aspect philosophique, car l’astronomie permet de se poser beaucoup de questions. D’où vient-on, où va-t-on, sommes-nous seuls. Tout cela participe de l’astronomie."

Avec le télescope Albireo.
C'est dans ce petit observatoire au fond de son jardin que François Hurter a installé son télescope.
Le Quotidien Jurassien

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