Cécile Chappuis est en forme. Physiquement comme verbalement. La preuve? "L’année dernière, j’ai été hospitalisée un jour. Le médecin m’a prescrit des médicaments. Je suis allée les chercher à la pharmacie, parce qu’il faut bien que tout le monde vive. Une fois rentrée à la maison, j’ai jeté les médicaments à la poubelle. Car moi aussi, il faut bien que je vive!" Vroum, vroum!

"Soi-disant…"

À son domicile de Courtételle, Cécile Chappuis passe la première: "J’ai loupé l’examen théorique une fois, la pratique deux fois. Soi-disant que je n’avais pas accordé une priorité de droite." Nous, on aime bien le "soi-disant…"

"L’expert était Monsieur Mosimann. Nom de bleu, qu’est-ce qu’on le craignait, celui-là!"

En deuxième: "Jeune, je me déplaçais certes en vélomoteur, mais je voulais le permis de conduire. Même à mon époque, c’était important de le posséder. Qui plus est pour une femme. Je n’ai jamais roulé à l’étranger, mais principalement dans la région. En été, on allait en vacances au Valais avec les gosses. Une fois j’étais au volant, une autre fois, mon mari…"

Cinq voitures

Les conducteurs âgés sont souvent confrontés à des problèmes de mémoire. Mais nullement Cécile Chappuis, qui embraie la troisième: "Ma première voiture était une Volvo. La deuxième une Subaru. La troisième une grande Mercedes. La quatrième toujours une Mercedes, mais plus petite. Enfin, aujourd’hui, je conduis une Citroën. Un bijou".

L’avant-dernier modèle était équipé d’une boîte à vitesses automatique. Comme sa Citroën actuelle. "Je ne voulais pas en entendre parler. Mais qu’est-ce que c’est pratique!"

Comment cette dame qui lit et qui roule sans lunettes a-t-elle absorbé les nouvelles règles de circulation, qui n’ont pas manqué d’apparaître depuis 1964, date de l’obtention de son bleu? On se relâche en quatrième: "Je n’ai suivi aucun cours. Pour les giratoires, j’ai lu dans les journaux des articles qui nous expliquaient comment se comporter."

Facture salée

Aujourd’hui, Cécile Chappuis se déplace en voiture surtout dans son village. En cinquième. "Je l’utilise aussi pour me rendre aux commissions à Delémont et Bassecourt. Pouvoir faire ses courses en auto constitue quand même un sacré confort pour les personnes de mon âge."

La loi fédérale oblige les conducteurs âgés de plus de 75 ans à passer une visite médicale tous les deux ans, afin de vérifier leurs aptitudes à conduire. Depuis des années donc, la Jurassienne effectue un petit crochet chez son médecin généraliste.

En sixième: "La dernière fois, je me suis dit que cela n’allait pas se passer comme la dernière. En effet, on m’a envoyée chez un neurologue. Le premier test consistait à retenir des numéros de 1 à 25. Lors du deuxième, je devais trouver des mots commençant par T et V. Enfin, on m’a mis sous le nez une feuille avec quatre mots, que je devais répéter devant le neurologue. Au grand maximum, l’examen a duré trois quarts d’heure. Quelques jours plus tard, je recevais une facture de 540 francs!"

Deux amendes

Celle qui charge volontiers des autostoppeurs – "En tout cas ceux que je connais" – ne se fait pas de mouron. Même en marche arrière: "J’ai bien deux enfants habitant à Courtételle, mais quand il faut toujours demander… Être indépendante représente une sacrée chance. Et quand je n’aurais plus le permis, je ne l’aurais plus. Point."

En quasi 60 ans de conduite, Cécile Chappuis a écopé de deux truffes. "Une de 40 fr. à Develier pour excès de vitesse, une autre de 120 fr. à Delémont pour m’être garée sur une place réservée aux handicapés."

Honteux!

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