De cet homme né entre 250 et 270 après Jésus-Christ et célébré le 6 décembre par l’Église catholique, jour de sa mort en 345 (date supposée), peu d’écrits sont parvenus à nous mais beaucoup de légendes. Dans notre pays, il s’agit d’abord de le distinguer de saint Nicolas de Flüe, célébré le 25 septembre. Cet ermite, bien connu pour avoir agi pour la paix en Helvétie notamment lors de la diète de Stans en 1481, est devenu saint patron de la Suisse pour les catholiques. Notre saint Nicolas de décembre ne vient pas de Suisse, mais de bien plus loin, puisqu’on le dit "de Myre", en Asie mineure, plus précisément en Lycie, où il a été évêque d’une des premières et grandes communautés chrétiennes. Très reconnu, l’évêque aurait participé au prestigieux Concile de Nicée en 325. L’homme pieux aurait aussi été arrêté et emprisonné par l’empereur Dioclétien, puis condamné à l’exil.

Saint Nicolas a fait un long voyage

Pourquoi est-il célébré jusque dans nos régions alors qu’il vient d’aussi loin? Il semble que le culte se soit développé avec l’arrivée des reliques, c’est-à-dire des restes du corps du saint, en Europe. "Ce sont les marchands de Bari qui ont réussi à doubler les Vénitiens pour "prendre" (ou voler!) les reliques à Myre, devenu Demré et situé en Turquie aujourd’hui", explique l’abbé Jacques Rime, du diocèse de Fribourg, qui s’est penché sur la question. Des reliques auraient ensuite pérégriné justement à Fribourg mais aussi dans l’Est de la France avec un doigt à Saint-Nicolas-de-Port, en Lorraine, et en Belgique, à Croix les Rouveroy, lesquelles n’ont pas toutes été authentifiées. C’est peu dire qu’à l’époque on s’arrache le saint! Sans parler de l’Église orthodoxe, très attachée elle aussi au saint, la Russie étant sous son patronage.

Les nombreux pèlerinages, comme celui de la Via Francigena en Italie, auraient aussi favorisé son culte. Les chanoines du Grand Saint-Bernard ont également eu leur part de responsabilité, selon Jacques Rime. Plusieurs de leurs prieurés étaient sous le patronage du saint, dont l’église de l’hospice.

La Saint-Nicolas dans le Jura