Déjà dix éditions pour le Concours suisse des produits du terroir à Courtemelon

Le Concours suisse des produits du terroir vivra en septembre sa 10e édition à Courtemelon. Lancée par la Fondation rurale interjurassienne en 2005, la manifestation bisannuelle a distribué depuis plus de 3000 médailles aux producteurs helvètes et attiré plus de 100 000 visiteurs.
A chacune de ses éditions, comme ici la dernière en 2021, le Concours suisse des produits du terroir attire plus de 10 000 visiteurs.
A chacune de ses éditions, comme ici la dernière en 2021, le Concours suisse des produits du terroir attire plus de 10 000 visiteurs.

A chacune de ses éditions, comme ici la dernière en 2021, le Concours suisse des produits du terroir attire plus de 10 000 visiteurs.

© BIST/Stéphane Gerber

Anne Deschamps
Anne Deschamps
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La France a son Salon de l’agriculture, la Suisse son Concours suisse des produits du terroir. Certes, l’aura de la manifestation bisannuelle qui a pour cadre le site de Courtemelon est sans commune mesure avec la grand-messe de Paris qui accueille chaque année plus de 600 000 visiteurs, mais les deux ont en commun un même objectif: mettre en valeur les produits du terroir de tout un pays.

Depuis sa première édition, en octobre 2005, le concours jurassien a remis plus de 3200 médailles, sanctionnant la qualité d’autant de produits artisanaux.

Trois employés passionnés motivés

Il y a près de vingt ans, la mise sur pied du Concours suisse des produits du terroir s’est faite "à la jurassienne", avec passion et sans trop se poser de questions.

Il aura fallu moins d’un an entre le lancement du projet et la tenue de la première édition. À l’époque tous les trois en poste à la Fondation rurale interjurassienne (FRI), Michel Thentz, Olivier Boillat et Cédric Koller convainquent d’abord leur directeur, Olivier Girardin. Ils reçoivent ensuite le soutien du cuisinier du Noirmont Georges Wenger, tout aussi conquis par l’idée d’y mener des "ateliers du goût" qui perdurent encore aujourd’hui. Mais le chef étoilé demande qu’en parallèle au concours, un marché du terroir voie aussi le jour, pour rapprocher les producteurs des consommateurs. Michel Thentz étant à l’origine du Forum romand des eaux-de-vie, qui, depuis 1999, distinguait les petits producteurs de goutte, c’est lui qui prend en main la gestion de la partie concours et dégustation.

La première dégustation, une "prouesse"

"La première édition a été quelque chose de fou", se rappelle-t-il aujourd’hui. Le jury a en effet effectué les dégustations de produits le même week-end que le marché, alors qu’aujourd’hui il commence près d’un mois avant. Et déjà pour le premier évènement, près de 1000 produits leur avaient été soumis.

"On avait quatre jurys qui dégustaient aux quatre coins de Courtemelon et le public qui visitait en même temps, poursuit Michel Thentz. Ce sont mes trois enfants qui ont couru d’un endroit à un autre pour récupérer les résultats des dégustations, proclamés dès le dimanche en fin de journée, s’amuse-t-il. Ça a été une prouesse, cette dégustation."

Succès immédiat

Et un succès immédiat tant du côté des producteurs, qui ont été près de 300 à s’inscrire au concours et 120 à participer au marché, que du public, avec 10 000 visiteurs sur la journée. Il ne s’est depuis jamais démenti. L’affluence n’est en effet jamais allée en deçà de ce premier nombre, tutoyant même les 20 000 visiteurs en 2011, et plus de 900 produits sont à chaque fois soumis à la dégustation.

Un concours repéré par les Nations Unies et invité en 2015 à l’exposition universelle.

"Voir des milliers de personnes venir dès le début, on en rêvait mais on n’osait pas forcément l’espérer car la FRI était une jeune institution interjurassienne", explique Olivier Boillat, responsable d’organisation de la première édition et désormais chargé de communication de l’évènement.

Des émules en Afrique du Nord

Le Concours suisse peut aussi se targuer d’avoir fait des émules à l’étranger. "On a été repéré par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) qui s’est dit que, dans certains pays, ce type d’évènement pouvait aider, souligne Olivier Boillat. Nous avons donc documenté tout le concours, ce qui a permis de l’exporter dans d’autres pays comme le Maroc, la Tunisie, l’Égypte et le Cameroun. C’est ce dont nous sommes le plus fiers", poursuit-il. Le Concours suisse a aussi été invité à l’exposition universelle de Milan en 2015. Ses organisateurs s’y étaient rendus avec Johann Schneider-Ammann, alors conseiller fédéral, et une vingtaine de producteurs.

Connu à l’international, moins en Suisse

"Longtemps, notre complexe a été de se faire connaître des gens loin de nous, relève Olivier Boillat. Aujourd’hui, la reconnaissance est là, mais davantage au niveau international que suisse." Au point qu’on connaît mieux le Concours suisse des produits du terroir dans les couloirs de l’ONU que sur la grande place à Lugano.

"Notre objectif premier est atteint, estime de son côté Michel Thentz, mais nous ne sommes pas aussi célèbres que le Salon de l’agriculture, admet-il. La manifestation est entrée dans les mœurs. Au niveau des producteurs elle est reconnue, mais au niveau des consommateurs un peu moins, regrette-t-il. Cela reste une belle réussite car il n’y a pas d’équivalent en Suisse."

Plus de 900 produits, comme ici des huiles de vinaigre, sont soumis aux jury à chaque édition.

Plus de 900 produits, comme ici des huiles de vinaigre, sont soumis aux jury à chaque édition.

© BIST/Archives Danièle Ludwig

Un concours qu’on tient à garder dans le Jura

Cheville ouvrière du concours, Michel Thentz salue la ténacité du directeur de la FRI et président d’organisation du Concours suisse des produits du terroir Olivier Girardin, qui n’a jamais cédé aux sirènes de la délocalisation. "On a essayé de nous faire comprendre que plutôt que le Jura, il valait mieux organiser le concours plus près des grands centres, comme Berne ou Zurich, mais il a toujours résisté et tenu bon", souligne celui qui a cédé sa place dans l’aventure en 2010, lors de son entrée au Gouvernement jurassien. Seules certaines cérémonies de remise de prix ont en effet été délocalisées.

"Il y avait une volonté dès le début de maintenir la manifestation ici, confirme Olivier Girardin. La FRI est à son origine et sans elle, le Concours suisse n’aurait pas pu se faire", estime-t-il. En tant qu’institution privée, elle a en effet une liberté entrepreneuriale qui depuis près de vingt ans lui réussit. Le budget du concours n’a que peu évolué au gré des éditions, s’élevant à 591 000 fr. pour 2023, soit… 91 000 fr. de plus qu’en 2005. Basé sur un modèle de financement public / privé, l’évènement compte, au-delà de l’argent en lui-même, grandement sur les offres de prestation de sa trentaine de partenaires. Enfin, organiser un tel évènement sur le même site qu’une école d’agriculture et des métiers de l’intendance, qui contribue par ailleurs fortement à sa tenue, est aussi cohérent, estime Olivier Girardin.

En parallèle au concours, un grand marché du terroir permet au public de faire le plein de bons produits.

En parallèle au concours, un grand marché du terroir permet au public de faire le plein de bons produits.

© BIST/Archives Stéphane Gerber

Les médaillés 2023 honorés par Elisabeth Baume Schneider

Le 10e grand Marché et Concours suisse des produits du terroir attend le public les 23 et 24 septembre prochains à Courtemelon. Ce mercredi, lors de la conférence de presse de lancement, qui s’est tenue à Berne en marge de la foire BEA, les organisateurs sont venus donner les grandes lignes de la manifestation qui accueillera le canton de Berne comme hôte d’honneur.

La remise de médailles notamment se déroulera cette année en présence de la conseillère fédérale jurassienne Elisabeth Baume-Schneider et l’artiste Miss Helvetia. Elle se déroulera le 22 septembre à Cinemont. La traditionnelle conférence internationale, prévue le même jour au même lieu, aura pour thème "Terroirs – plaisirs durables?". Une trentaine d’animations seront par ailleurs au programme de cette 10e édition.


Tout savoir sur le 10e Concours suisse des produits du terroir.

Le Quotidien Jurassien

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