François Dumont, une remarquable et séduisante démonstration stylistique à Saint-Ursanne
Il a fallu quelques instants pour réaliser que l’ingénieux interprète jouait ces deux œuvres de Bach en imitant sur le piano la sobriété phonique du clavecin […]
La dette de l’académique Mendelssohn envers Bach pourrait passer a priori inaperçue, tant est saisissant le contraste stylistique entre l’aristocratique architecture du maître baroque et la sentimentale intimité des Romances sans paroles.
Dans ces dernières, Dumont se distingue par un travail très abouti sur les textures, faisant scintiller, dans la 1re romance, la mélodie au gré d’un rubato qui respire selon l’itinéraire harmonique de l’accompagnement aqueux, exprimant avec sincérité la confidentielle intimité de la folklorique 3e romance et orchestrant, en adroit réalisateur de film, la scène de chasse avec ses sonneries de cor qui ricochent en écho dans le paysage aux vaux encaissés du molto allegro e vivace.
Avec un respect interactif et non rigide
Les Variations sérieuses – composées par Mendelssohn pour financer une statue en hommage à Beethoven – révèlent plus explicitement leur riche affiliation avec l’œuvre du Cantor de Leipzig.
La noblesse et la simplicité du thème initial sont celles d’un choral de Bach, tout comme son inspiration se lit dans le contrepoint précis de la 13e variation, la cadence de l’avant-dernière et la systématicité formelle de ce remarquable édifice musical.
Clavier bien tempéré et Impromptu
C’est avec un respect interactif et non rigide que Dumont en déroule la structure fascinante, déclinant de manière convaincante le thème sous de multiples apprêts stylistiques – le con fuoco orné de corolles florales parfumées, le cantabile évoquant la douce majesté d’un ciel étoilé, l’adagio aux surprises harmoniques beethovéniennes, le cataclysmique allegro vivace, et jusqu’à l’apothéose lisztienne du presto.
Aux auditeurs nombreux et enchantés, sur rappel, François Dumont offrira avec cohérence les deux premiers préludes du Clavier bien tempéré de Bach ainsi qu’un Impromptu de Schubert, en écho aux romances de Mendelssohn.