Le covoiturage se développe dans la vallée de Delémont, principalement du côté des frontaliers

Inflation oblige, certains se serrent la ceinture et se mettent à covoiturer pour se rendre au travail. Une pratique verte qui prend de l’ampleur dans la région grâce à ses nombreux avantages, mais plutôt du côté des frontaliers pour le moment. Tour d’horizon.
Aire de covoiturage. Sortie Porrentruy Ouest. Mavaloz. Photo Clément Schott. Décembre 2022.
Aire de covoiturage. Sortie Porrentruy Ouest. Mavaloz. Photo Clément Schott. Décembre 2022.

Les aires de covoiturage de la région, souvent vides, pourraient bien se remplir davantage à l’avenir.

© LQJ/Clément Schott

Inès Bartlome
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La pratique verte et économique qu’est le covoiturage a connu un fort ralentissement jusqu’en 2022 à cause de la crise sanitaire. Et la montée en puissance du télétravail n’a rien arrangé. Mais désormais, les signaux sont au vert, d’autant plus avec la hausse générale des prix, dont celui de l’essence: de plus en plus d’entreprises de la vallée passent la deuxième pour encourager leurs employés à s’y mettre. Si encore peu de Jurassiens covoiturent, les transfrontaliers travaillant dans la région ont mis les gaz pour se rendre à leur travail à plusieurs.

"Le covoiturage dans l’Arc jurassien est en légère augmentation", relève Basil Bianco, consultant en mobilité pour le dispositif Covoiturage dans l’Arc jurassien. Ce dernier promeut le covoiturage dans toute cette région pour pallier la maigre desserte en transports publics, par le biais de 14 partenaires suisses et français. Le projet regroupe actuellement plus d’une vingtaine d’entreprises participantes dans le canton du Jura, la moitié se situant dans la vallée delémontaine.

Davantage de frontaliers

"Parmi les collaborateurs des entreprises participant à ce dispositif, 36% des frontaliers ont covoituré en 2023, contre 12% du côté suisse", note encore Basil Bianco. Il assure toutefois que dans le canton du Jura à proprement parler, les résultats sont plutôt bons. "Les entreprises de la région font partie des plus actives et des plus motivées du dispositif", dit-il. À noter que, depuis début 2023, les frontaliers de l’Arc jurassien qui se regroupent pour conduire touchent une prime covoiturage de 100 euros.

Si de plus en plus d’entreprises régionales mettent ainsi le pied à l’étrier pour inciter leurs employés à se déplacer à plusieurs ou en transports publics, notamment en prenant part annuellement au "challenge covoiturage" interentreprises, organisé par le dispositif Covoiturage dans l’Arc jurassien, les intéressés se composent donc majoritairement des frontaliers. C’est le cas d’une employée de Preci-dip, à Delémont, âgée de 58 ans, que l’on nommera Nathalie.

La Française évoque trois raisons pour lesquelles elle covoiture avec deux de ses collègues, toutes deux plus jeunes qu’elle. Elle les retrouve à la douane de Delle: "Il y a l’aspect environnemental, l’économie d’essence et également la fatigue, que l’on peut réduire en étant plusieurs dans la voiture. Le temps passe plus vite en discutant, surtout quand on a une heure de route en comptant les bouchons!"

Les transports publics à la ramasse

Si elle n’utilise pas les transports publics, c’est pour une bonne raison. La frontalière déplore un manque de souplesse dans les horaires des trains et des bus. "C’est très compliqué en France. On a beaucoup trop d’arrêts entre Delle et Delémont, c’est une perte de temps. Sans compter les changements à faire jusqu’en zone industrielle… Je prendrais le train, s’il y avait des lignes directes!"

"Je prendrais le train, s’il y avait des lignes directes!"

Du côté de la Suisse non plus, on n’est pas toujours enclin à utiliser les transports en commun. Mais la cause en est tout autre: le prix! "Même si le bus passe devant chez moi, quand je vois les prix exorbitants, c’est vite décourageant. Les transports publics devraient être adaptés. Pour le moment, je les utilise le moins possible", soutient Yoann Spano, lui aussi employé au sein de Preci-dip. Depuis maintenant 2 ans, le trentenaire pratique le covoiturage avec son collègue et ami, Giuseppe Barrone, 37 ans, qui habite dans le même quartier que lui, à Courtételle.

Des économies d’environ 1500 fr. par an

Tous deux assurent vouloir faire un effort pour l’environnement en n’ayant qu’une voiture pour toute la famille et en covoiturant aussi bien pour le travail que pour se rendre à leurs entraînements ou matches de football. "Et évidemment, cela allège nos dépenses, puisqu’entre les coûts de l’essence et des assurances, on économise environ 1500 fr. par an chacun", confie Yoann Spano.

"Il suffit de se tenir à un horaire et de s’adapter à ses collègues, notamment en cas de réveil oublié ou de séance tardive", sourit Giuseppe Barrone. Si le "challenge covoiturage" a permis de sensibiliser les gens à la pratique, les équipes de covoiturage s’organisent grâce au bouche-à-oreille, au sein même de l’entreprise. C’est en tout cas le cas chez Preci-dip, qui emploie 420 collaborateurs à Delémont. Parmi eux, 40 à 50 font du covoiturage, soit environ 11% d’entre eux, fait savoir Jean-Marc Bouduban, le directeur RH. Un chiffre prometteur!

Le Quotidien Jurassien

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