Les apiculteurs bernois réclament une stratégie et des moyens pour lutter contre le frelon asiatique

Alors que le frelon asiatique a fait une entrée remarquée sur le territoire bernois (en particulier dans le Jura bernois) l’an dernier, les apiculteurs bernois s’inquiètent de l’absence de stratégie cantonale pour lutter contre cet insecte invasif. Une motion sera débattue en mars au Grand Conseil.
ARCHIV - 27.08.2021, Hamburg: Eine Asiatische Hornisse (Vespa velutina nigrithorax) wird von einem Biologen mit einem Handschuh festgehalten. Asiatische Hornissen machen den Imkern in Baden-Württemberg Kummer. Die eingeschleppte Hornissenart jagt gerne und belagert die Bienenstöcke. (zu dpa: «Asiatische Hornissen auf dem Vormarsch») Foto: Axel Heimken/dpa +++ dpa-Bildfunk +++ (KEYSTONE/DPA/Axel Heimken)
ARCHIV - 27.08.2021, Hamburg: Eine Asiatische Hornisse (Vespa velutina nigrithorax) wird von einem Biologen mit einem Handschuh festgehalten. Asiatische Hornissen machen den Imkern in Baden-Württemberg Kummer. Die eingeschleppte Hornissenart jagt gerne und belagert die Bienenstöcke. (zu dpa: «Asiatische Hornissen auf dem Vormarsch») Foto: Axel Heimken/dpa +++ dpa-Bildfunk +++ (KEYSTONE/DPA/Axel Heimken)

Les apiculteurs de la région s'attendent à une multiplication des attaques de frelons asiatiques sur les ruches à la fin de l’été.

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Céline Lo Ricco Châtelain
Céline Lo Ricco Châtelain
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L’hiver particulièrement doux que traverse la région risque de ne pas engendrer que des conséquences désagréables pour les stations de skis. Du côté des apiculteurs, l’inquiétude est également palpable. Les températures de ce début d’année présagent une prolifération importante du frelon asiatique dès le retour du printemps.

Progression fulgurante

Alors qu’en 2022, cet insecte invasif - qui s’attaque notamment aux colonies d’abeilles, mais aussi aux autres insectes pour nourrir ses larves - n’avait encore jamais été observé dans le Jura bernois, une quinzaine de signalements ont été rapportés en 2023. Trois nids ont pu être localisés et détruits, à Court, Saicourt et Orvin. Sur l’ensemble de la Suisse, alors que seuls 46 signalements avaient été enregistrés dans huit cantons en 2022, on en a recensé plus de 1000 dans treize cantons en 2023 (plus de 160 nids confirmés), principalement en Suisse romande.

Cette progression fulgurante en une saison a de quoi inquiéter les apiculteurs bernois. Car si certains cantons ont mis en place des stratégies claires pour lutter contre le frelon asiatique, ce n’est pas le cas dans le canton de Berne. En effet, beaucoup de services cantonaux sont concernés par la lutte contre les espèces exotiques envahissantes (ces dernières années, il a été question de diverses variétés de plantes, du moustique tigre, de la moule quagga ou encore de fourmis envahissantes), mais il n’existe aucune directive claire, pas plus qu’un service de référence pour coordonner la lutte, déplorent les apiculteurs.

"Or, sans une organisation claire ni un soutien financier du canton, il sera impossible de lutter", prévient Thomy Gross, président de la société d’apiculture du Jura bernois. Ce dernier cite par exemple le canton de Genève, qui a mis en place une organisation exemplaire, ce qui lui a permis de détecter et de détruire une centaine de nids l’an dernier.

Face à l’urgence de la situation, les apiculteurs bernois ont donc activé leurs relais politiques. Une motion interpartis a été déposée au Grand Conseil, qui sera débattue en mars. Le texte demande notamment la mise en place d’une stratégie pour lutter contre la prolifération du frelon asiatique et la mise à disposition de moyens financiers.

"Nous sommes condamnés à vivre avec le frelon asiatique. Mais il faut absolument maintenir le niveau d’infestation le plus bas possible."

La réponse du Gouvernement bernois s’est toutefois avérée "un peu décevante", avoue Thomy Gross. Car s’il se dit conscient de la menace que fait planer le frelon asiatique sur les abeilles domestiques ainsi que sur les plantes dépendant de la pollinisation, le Conseil-exécutif n’entend rien révolutionner pour 2024. Il préfère en effet prendre le temps de mettre en place un futur "bureau de coordination sur les néobiotes", le frelon asiatique n’étant "pas la première ni l’unique espèce exotique envahissante" pour laquelle il faut définir une stratégie, explique-t-il, arguant vouloir apporter une solution globale à la problématique des espèces envahissantes.

Concernant le frelon asiatique, quelques moyens devraient malgré tout être réaffectés en 2024 au sein du département de l’environnement, afin de financer "les mesures les plus urgentes". Comme la formation d’apiculteurs et l’acquisition de matériel pour rechercher les nids, et des contributions financières pour éliminer ces derniers.

Ouvrir l’œil et signaler

Thomy Gross espère que le Grand Conseil saisira davantage l’urgence de la situation. "C’est le dernier moment pour agir. Certes, on est condamné à vivre avec le frelon asiatique. Mais il faut absolument maintenir le niveau d’infestation le plus bas possible. Et éviter d’en arriver à la situation de la Galice, où on recense 12'000 frelons asiatiques au km². Ce serait la mort de nos abeilles", prévient-il.

De son côté, la société d’apiculture du Jura bernois entend sensibiliser la population au problème afin qu’un maximum de nids puissent être repérés. "Nous allons notamment approcher les pêcheurs et les chasseurs, qui sont beaucoup dans la nature", indique le président. Chacun est aussi invité à ouvrir l’œil et à signaler la présence du frelon asiatique sur la plateforme internet dédiée.

Portrait express

Thomy Gross, 35 ans, Perles, président de la Société d’apiculture du Jura bernois

Thomy Gross a passé son enfance à Court. Ce n’est qu’au moment de ses études du côté de Macolin, de Fribourg et de Berne qu’il s’est éloigné de la région. Diplômé en santé et recherche dans le sport, il est aujourd’hui employé à la Fédération suisse de natation, comme responsable performance et relève dans la discipline du water-polo. Durant ses loisirs, il pratique l’apiculture, possédant des ruches à Moron ainsi qu’à Perles, où il réside désormais, à mi-chemin entre son travail à Berne et les attaches familiales dans le Jura bernois. Depuis 2023, il est le président de la Société d’apiculture du Jura bernois et s’inquiète notamment de la progression du frelon asiatique dans la région.

Le Quotidien Jurassien

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