Les cultures souffrent du retour de l’hiver aux Franches-Montagnes

Colza, arbres fruitiers, fleurs ou encore légumes: les différentes cultures souffrent diversement du retour de l’hiver qui sévit depuis mercredi passé. "Le Quotidien Jurassien" fait le point sur l’impact de cette période de froid avec quelques cultivateurs.
Effets de la météo sur les fruitieers fleuris, Les Enfers, Olivier Noaillon
Effets de la météo sur les fruitieers fleuris, Les Enfers, Olivier Noaillon

Les fruitiers en fleurs ont subi l’offensive hivernale. Ici un vieux pommier en mauvaise posture aux Enfers.

© BIST/Olivier Noaillon

Rachel Prêtre
Rachel Prêtre
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L’été s’était déjà presque fait une place quelques jours avant la mi-avril. Le week-end des 13 et 14 avait même vu le mercure grimper au-delà de vingt degrés. Puis les températures ont chuté de manière impressionnante quelques jours plus tard. Grisaille, neige, bise et gel sont revenus engourdir une nature déjà très éveillée pour la saison.

Des pertes mais pas de fatalité pour le colza

Jérémie Gerber est le premier cultivateur de colza aux Franches-Montagnes depuis l’année dernière. Selon lui, il s’agit d’une culture "délicate mais surprenante - en bien."

"Tonnerre sur bois nu, neige sur les feuillus."

Néanmoins, les plantes souffrent. L’agriculteur relève que les températures élevées du début du mois ont avancé les plantes de trois semaines par rapport à l’année passée. Une partie de sa culture était déjà en floraison, celle-là a souffert car le gel avorte les fleurs. "C’est une perte mais pas une fatalité", constate Jérémie Gerber, positif. La neige n’a pas fait de bien non plus au colza, couchant les plantes, déjà hautes pour la saison, avec un risque de cassure. La branche est forcément moins développée qu’en plaine, où le climat est plus doux. "Ce sont des risques qu’on prend", reconnaît Jérémie Gerber. Notons que si des assurances contre le gel existent, ce n’est pas le cas pour la neige.

Céréales relativement épargnées

Pour le blé et les céréales de manière générale, la situation semble moins préoccupante. "Les céréales en sont à un stade beaucoup moins avancé. Le blé, par exemple, est plaqué au sol; cela le retarde mais il est difficile de dire s’il y aura des dégâts", remarque l’agriculteur de Lajoux. D’autres agriculteurs contactés partagent son avis.

Fruitiers éprouvés

La situation est en revanche délicate pour les fruitiers qui, comme le colza, étaient en pleine floraison avant l’offensive de froid. "Le gel, il fallait s’y attendre mais la neige qui pèse sur les feuilles, c’est embêtant", remarque Bryan Beuret, paysagiste et responsable du jardin collectif de Saignelégier. Alors que l’orage grondait un soir de l’hiver dernier, Bryan Beuret s’est rappelé un dicton qui s’est appliqué comme une prophétie: "Tonnerre sur bois nu, neige sur les feuillus." Il signale que les tilleuls et les sureaux ont été éprouvés au même titre que les arbustes à petits fruits tels que les cassis, les raisinets ou les framboises. Certaines branches ont cassé sous le poids de la neige.

Légumes au vert

Enfin, il rappelle que "des vagues de froid, jusqu’aux saints de glace, n’ont rien d’anormal." Ce sont plutôt les chaleurs trop élevées pour la saison des jours précédents qui sont extraordinaires. Dylan Oliveira, maraîcher à Muriaux, appuie les propos du paysagiste concernant les arbres et se veut plutôt rassurant au sujet des légumes. "Ils n’ont pas eu trop froid, ils sont en plein champ, sous un voile. Certains ont subi un peu le poids de la neige comme les pois et certaines variétés de choux."

Pas trop d’inquiétudes pour les fleurs

Quant aux fleurs du Roselet, culture unique en son genre aux Franches-Montagnes, "les dégâts sont difficilement quantifiables" rapporte Laurent Simonin. Il est possible que les feuilles meurent mais que le système racinaire tienne bon si le bourgeon n’est pas gelé, selon l’agriculteur. Il voit pour sa part d’un bon œil la couche de neige sur le voile qui recouvre les fleurs de sa prairie. "Elle agit comme une couche d’isolation contre le gel", indique-t-il. Les tulipes ont pâti du froid, en revanche, les autres variétés plantées sont des fleurs dites froides, autrement dit, qui supportent un gel léger. Le défi majeur de la prairie fleurie à mille mètres est d’avoir une période de production la plus longue possible, la réflexion sur les choix de variétés plantées inclut donc les froids printaniers.

D’après MétéoNews, il faut encore se méfier du gel jusqu’à vendredi, avant de voir les températures remonter.

Le Quotidien Jurassien

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