Les faillites ont bondi de 50% dans le district de Delémont

Les faillites ont connu une progression de près de 50% en 2023 dans le district de Delémont. Les poursuites ont bondi de 17%. Un effet de rattrapage post-Covid en est la cause.
Delémont 11 mars 2021 office des faillites Antoine Varrin . photo Stéphane Gerber / Bist
Delémont 11 mars 2021 office des faillites Antoine Varrin . photo Stéphane Gerber / Bist

Selon Antoine Varrin, il y a eu en 2023 moins de faillites d’entreprises dans le Jura qu’ailleurs en Suisse, car l’horlogerie se porte très bien.

© BIST/Archives Stéphane Gerber

Hüseyin Dinçarslan
Hüseyin Dinçarslan
Partager cet article

Antoine Varrin, préposé à l’Office des poursuites et faillites du district de Delémont, dresse un panorama de l’année écoulée. Premier enseignement: les poursuites ont pris l’ascenseur. On en a enregistré 16'266 en 2023, contre 13'910 l’an d’avant. Le saut est de 17%.

Les impôts sont l’acteur principal de cette hausse, avec 40,8% de réquisitions de poursuites en plus. La deuxième catégorie de créanciers qui a le plus sollicité les poursuites pour réclamer son dû est formée par les caisses maladie (+26,5% de réquisitions de poursuite). Antoine Varrin attribue ces augmentations partiellement à un effet de rattrapage post-Covid 19.

Un repli, puis une hausse

Au temps du coronavirus, on avait assisté à un repli des poursuites. Le haut fonctionnaire a une hypothèse pour l’expliquer: les possibilités de dépenses des habitants étaient fortement contractées. Ils avaient ainsi probablement assez d’argent pour honorer leurs factures. Or, avec la levée des mesures, ils ont retrouvé leurs anciennes habitudes consuméristes, pas toujours raisonnables, et les poursuites sont reparties. La reprise s’était en réalité déjà enclenchée en 2022.

L’inflation est aussi passée par là. "Le pouvoir d’achat des gens a diminué. Cela se traduit automatiquement par davantage de difficultés à payer les charges courantes. Les habitants priorisent leurs dépenses. Et quand on n’a pas beaucoup pour vivre, les impôts passent en dernier."

Si ces évolutions sont impressionnantes, elles ne doivent pas pour autant effrayer, rassure le jeune sexagénaire. Car on ne fait que retomber sur les chiffres d’avant la pandémie: en 2018, il y avait eu 16'422 poursuites; 16'005 en 2019. "Cela deviendrait inquiétant si on devait observer l’an prochain une nouvelle progression", poursuit Antoine Varrin.

Il y a même eu, proportionnellement, moins de banqueroutes dans le Jura qu’ailleurs en Suisse.

L’an dernier a été témoin d’un autre accroissement frappant. Celui des faillites, dont le nombre est passé de 60 à 89 entre 2022 et 2023 (+48,3%). Là aussi, le Jurassien nuance: "Cela semble énorme, mais on parle de petits chiffres. D’une année à l’autre, il suffit de quelques faillites en plus ou moins pour avoir de fortes fluctuations."

En 2022, les faillites étaient peu nombreuses, éclaire Antoine Varrin. Bon an mal an, on en recense 80. "En 2023, on est donc un peu plus haut que la moyenne", note le préposé.

Et surtout, relève-t-il, il ne faut pas voir dans ces faillites un signe de la dégradation de l’économie. Une majorité d’entre elles, 52 précisément, sont des successions répudiées. Celles-ci sont d’ailleurs en hausse (+5). Parmi les faillites, on dénombre une faillite personnelle. Pour le reste, il s’agit d’entreprises qui ont en principe mis la clé sous la porte.

Pas de lien

Une bonne partie d’entre elles étaient actives dans la construction (13). Selon le haut fonctionnaire, il est faux de faire un rapprochement entre ces cessations d’activité et la hausse des taux d’intérêt. "On a de tout, du petit salarié qui devient indépendant et se rend compte que c’est plus dur que prévu au petit artisan qui n’a pas de trésorerie et dont la société est mise en péril parce qu’un client n’a pas payé."

La vague déferlante de faillites prédite par les cassandres n’a donc pas eu lieu. Du moins pas encore. "Les remboursements pour les prêts accordés n’ont à ce jour pas tous été exigés. Certaines entreprises sont peut-être en sursis."

Il y a même eu, proportionnellement, moins de banqueroutes dans le Jura qu’ailleurs en Suisse. Raison: notre économie est axée sur l’horlogerie. Et elle cartonne.

Le Quotidien Jurassien

Powered by iomedia

SQoop