Les vitraux du père Kim En Joong inaugurés à Saint-Ursanne
Il découvre le Jura en 1970 lors d’une exposition à Porrentruy et y reviendra en 2000 pour un accrochage au cloître, au Musée lapidaire et au Caveau de Saint-Ursanne, aux côtés du sculpteur Umberto Maggioni. Sa patte est maintenant durablement inscrite dans notre patrimoine, avec l’installation de quatre doubles vitraux dans l’église Saint-Pierre de Saint-Ursanne.
L’inauguration des œuvres de Kim En Joong, père dominicain et artiste sud-coréen de renommée mondiale, s’est déroulée dimanche en fin de matinée dans le cloître par une cérémonie agrémentée de la musique du quatuor à cordes jurassien Mucca Quartet. Saint-Ursanne s’ajoute ainsi à la liste de la soixantaine de lieux, situés sur les cinq continents, où l’on peut admirer les vitraux de l’artiste, a relevé Nicolas Paupe, ancien président et membre de l’association culturelle Ursinia.
Vitraux financés par la vente des tableaux
C’est sur la proposition de Kim En Joong que ce projet est né, en 2017. L’idée, validée l’année suivante par Ursinia, était de laisser une trace pérenne du 1400e anniversaire de la mort de saint Ursanne, fondateur de la petite ville des bords du Doubs.
"Ces vitraux offrent une sensation de fluidité, leurs couleurs évoquent les saisons du Clos du Doubs."
Décalées d’une année en raison des turbulences dues au Covid, les festivités incluaient notamment une exposition de 140 tableaux de l’artiste sud-coréen – complétée d’un hommage à Alfred Manessier – à l’automne 2021. La vente de 47 peintures du dominicain a permis de financer la réalisation des vitraux, qui a coûté un peu plus de 40'000 fr.
Message du père Kim
"Le vitrail est un art qui a la capacité de jouer avec la lumière naturelle, de la transformer dans une palette de couleurs vibrantes qui évoluent durant la journée et avec les saisons, a relevé Clément Saucy, président d’Ursinia depuis un peu plus d’un an. Ces vitraux sont un lien entre passé, présent et futur. Ils offrent une sensation de fluidité, leurs couleurs évoquent les saisons du Clos du Doubs." Il a également souligné que cette cérémonie était l’aboutissement d’un projet "qui a su se faire accepter" par les autorités communales et ecclésiastiques, ainsi que par les représentants jurassiens et suisses du patrimoine et par la population.
Absent dimanche, Kim En Joong a souhaité transmettre un message par le biais d’un enregistrement vidéo. "Saint-Ursanne est inoubliable, parce qu’elle appartient au Jura libre", a-t-il notamment dit.
Une église aux origines de Saint-Ursanne
Après les discours du maire Jean-Paul Lachat et de Frédéric Girardin, architecte et membre d’Ursinia en charge de la pose des vitraux, le chanoine Jean-Marie Nusbaume a procédé à leur bénédiction.
Démolie au tournant du XXe siècle, l’église Saint-Pierre a été reconstruite dans les années 1980 sur la base de photos d’archives. Jusqu’en 1050, elle était propriété des moines, avant d’être vendue à la paroisse. L’importante concentration de sarcophages découverts dans ses fondations fait du lieu l’un des plus importants du genre au nord des Alpes. L’église, qui abrite aujourd’hui le Musée lapidaire, est le plus ancien sanctuaire de la ville, là où elle a pris naissance.