"On arrive au bout du bout", dénoncent les syndicats dans le Jura

Les mauvaises nouvelles sur les finances de l’État jurassien ont engendré une avalanche de réactions. Les syndicats vont jusqu’à considérer qu’une limitation des prestations de l’État s’avère "inévitable". Les mesures concrètes se font cependant attendre.
An official of the canton of St. Gallen's tax administration uses a calculator, pictured on January 18, 2010 in St. Gallen, Switzerland. (KEYSTONE/Gaetan Bally)  Ein Beamter des Kantonalen Steueramts St. Gallen benutzt einen Rechner, aufgenommen am 18. Januar 2010 in St. Gallen. (KEYSTONE/Gaetan Bally)
An official of the canton of St. Gallen's tax administration uses a calculator, pictured on January 18, 2010 in St. Gallen, Switzerland. (KEYSTONE/Gaetan Bally)  Ein Beamter des Kantonalen Steueramts St. Gallen benutzt einen Rechner, aufgenommen am 18. Januar 2010 in St. Gallen. (KEYSTONE/Gaetan Bally)

Pour les syndicats, les employés d’État ne peuvent pas toujours faire plus avec toujours moins de ressources.

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Benjamin Fleury
Benjamin Fleury
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"Il faut réduire la voilure". Voire "dégraisser le mammouth". Au café du commerce, toutes les expressions y passent pour partager la vieille rengaine de réformer l’administration cantonale. Sur le plan politique, la droite appelle notamment depuis des années à reconsidérer le service public pour redonner un nouveau souffle financier à l’État. Jusque-là, rien de neuf sous le soleil.

Mais, suite aux dernières annonces du Gouvernement, la question semble se poser avec toujours plus d’insistance également côté syndical et de la gauche. La Coordination des syndicats de la fonction publique a dernièrement partagé, dans un communiqué, ses inquiétudes quant à la situation de l’administration, dont la tâche devient "de plus en plus périlleuse" suite à la succession des mesures d’économies. Elle estime même qu’une limitation des prestations de l’administration s’avère "inévitable" à court et moyen terme.

Des questions

Des syndicats qui appellent à se serrer la ceinture… La démarche est peu courante. Est-ce la fin d’un tabou? "Non, on a toujours dit que l’examen des prestations peut se faire. On ne peut plus compresser la fonction publique comme on le fait actuellement", commente Thomas Sauvain, responsable régional du Syndicat des services publics (SSP). Selon leurs explications, les syndicats ne plaident en fait pas absolument pour une baisse des prestations. Mais ils tiennent à questionner la forme que doit prendre l’administration à moyen terme.

"La fonction publique doit fonctionner avec les véritables moyens que l’on lui donne", partage Laurent Crevoisier, de Syna Jura. Les responsables syndicaux pointent un manque de vision politique, avec des restrictions budgétaires décidées à tout-va et de manière non-coordonnée dans le cadre des différents programmes d’économies.

"On décide… de ne pas décider. Mais il faut savoir ce que l’on veut, ce que l’on peut. En ce moment, on arrive au bout du bout. On met sous pression le personnel", remarque Christophe Girardin, président de la Coordination des syndicats et secrétaire général du Syndicat des enseignants. Les syndicalistes évoquent une ambiance morose et des questions qui fusent en ce moment dans la fonction publique. "Dans certains services, les employés se demandent dans quelles conditions, on va accueillir Moutier", relaie même l’un d’entre eux.

Aucune piste concrète

En gros, il faut réfléchir, accomplir des tâches différemment, voire en faire moins. Mais comment? Cette réflexion est menée, sans grand succès, depuis des années dans le canton du Jura…

Et la Coordination des syndicats ne formule pas de son côté non plus de piste concrète. Elle renvoie aux pouvoirs politiques la responsabilité de prendre des décisions, tout en demandant de participer aux négociations. "Jusqu’à présent, la partie syndicale a de la peine à se faire entendre", précise Thomas Sauvain.

"Des employés se demandent dans quelles conditions on va accueillir Moutier."

La patate chaude est transmise au politique. Quelle sera l’attitude du Parti socialiste jurassien, principale force de gauche? Président du groupe parlementaire, Loïc Dobler estime qu’il ne faut pas avoir à l’œil uniquement les dépenses de l’État, lesquelles engendrent le plus de questions. Vouloir réduire les prestations est un exercice très difficile, étant donné que chaque parti a ses propres priorités, rappelle le député.

Pour lui, les réflexions doivent se mener à trois niveaux: les prestations, les recettes et l’organisation institutionnelle du canton du Jura. "On se rend compte qu’étudier chaque ligne budgétaire ne suffit plus", fait-il savoir. Le groupe parlementaire promet de proposer toute une série de mesures d’ici fin août, sans les dévoiler pour l’heure pour ne pas préjuger de l’avancée des travaux au sein de la Commission parlementaire de gestion et des finances (CGF).

À l’heure actuelle, l’importante CGF table toujours – avec le Gouvernement – sur les suites à donner au plan Équilibre et réfléchit à de nouvelles mesures structurelles.

Des projets sans suites?

Qu’en est-il du Gouvernement? Partage-t-il le constat qu’une réduction des prestations est inévitable? "Compte tenu de la situation, il est nécessaire de les questionner et si nous devons faire des économies, alors immanquablement des choix devront être opérés", répond la présidente Rosalie Beuret Siess. C’est justement ce que compte faire l’exécutif dans le cadre du projet de "Modernisation de l’État", révèle la ministre des Finances. Le Gouvernement procède en ce moment à un inventaire de toutes les prestations. . À l’issue de la démarche, les autorités pourraient être amenées à procéder à des arbitrages politiques.

En parallèle, des réflexions sont menées sur la manière de délivrer des prestations de l’État, complète-t-elle. "Il s’agit d’étudier la manière dont on peut simplifier les processus, au travers de la digitalisation notamment, pour libérer les collaborateurs de certaines tâches administratives et leur permettre de faire davantage d’accompagnement", évoque-t-elle.

Cependant, de nombreux observateurs ont l’impression que ce travail, déjà réalisé ces dernières années par exemple dans le cadre du précédent projet "Repenser l’État", en 2019, en 2019 ou de la numérisation des services de l’État, n’a jamais abouti. Un vœu pieux? "C’est un travail de longue haleine", commente Rosalie Beuret Siess, qui indique que le Gouvernement est déterminé à réformer la structure de l’État dans le Jura.

Le Quotidien Jurassien

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