Plonger dans la vie du Delémontain Pierre Lauber par les toiles de sa caverne d’Ali Baba

C’est au deuxième et troisième étage au-dessus de la boulangerie Lauber que l’on retrouve l’univers de Pierre Lauber. Après son décès en 2019, la famille ne pouvait faire autrement que de partager les 12'000 toiles de l’artisan boulanger delémontain.
Delémont le 9 mars 2024. Ateliers Pierre Lauber. Photo Jonas Lüthi
Delémont le 9 mars 2024. Ateliers Pierre Lauber. Photo Jonas Lüthi

Des couleurs plein la vue au-dessus de l'actuelle boulangerie Lauber, en vieille ville de Delémont.

© BIST/Jonas Lüthi

Lauranne Pasquino
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Avec l’aide de l’artiste jurassien Patrick Frei et la photographe vaudoise Nella Stücker, ses proches ont ouvert les portes des anciens appartements de Pierre Lauber le temps d’une journée, samedi.

"Ce projet était avant tout un héritage familial, il demandait d’être réalisé avec un grand respect et de la délicatesse", déclare Patrick Frei, alias Dips. Nella Stücker, par sa solide expérience artistique mêlant le présent et le passé, est rapidement venue compléter l’équipe. Dès les premières marches, le visiteur retrouve des toiles de l’auteur tantôt colorées, parfois plus sombres.

Cinquante ans de peinture

"C’est une vraie caverne d’Ali Baba", s’émerveille un curieux. Le deuxième étage accueille l’atelier du créateur. Les œuvres exposées démontrent que l’artiste s’est aventuré dans plusieurs styles. L’impressionnisme et le classique se confondent avec des peintures abstraites sur le mur et une œuvre représentant l’église Saint-Marcel dans un autre coin de la pièce.

Utilisant de la peinture à l’huile, de l’acrylique ou encore des Néocolors avec de l’eau, Pierre Lauber a testé plusieurs techniques différentes. "Il a peint sur du bois, des feuilles, des bouteilles PET, des masques et même sur du carton de récupération", énumère Patrick Frei.

"Lorsqu’il passait trop de temps dans son atelier, notre grand-maman le rappelait à coups de balai contre le plafond pour qu’il nous rejoigne!"

Si Pierre Lauber était connu dans à Delémont et dans toute la région pour sa personnalité haute en couleurs ainsi que ses activités d’artisan boulanger et comédien, son intérêt pour la peinture se faisait discret. "Il a commencé de peintre vers 16 ans et n’a jamais arrêté. Même lors de ces dernières années, lorsqu’il arrivait à peine à tenir un crayon, il demandait à sa famille de lui apporter son matériel pour qu’il puisse continuer à dessiner", confie son petit-fils, Thierry.

Des toiles qu’il a réalisées durant près de cinquante ans qui ont évolué avec les époques. "Par sa profession, il se levait tôt et pouvait consacrer plusieurs heures à la peinture", raconte Thierry Lauber. Lorsqu’il passait trop de temps dans son atelier, notre grand-maman le rappelait à coups de balai contre le plafond pour qu’il nous rejoigne!"

Dans l’intimité de l’artiste

Même si le personnage a disparu, l’âme est présente aux quatre coins des appartements. D’une autre vie, le mobilier témoigne l’histoire de la famille depuis six générations et plonge le visiteur dans l’intimité de l’artiste. "Tous les objets et les meubles sont d’origine, on n’a rien amené", glisse Christine, fille de Pierre Lauber.

Le public a également découvert la performance du danseur Mikki Monnin. Une projection d’archives vidéo et d’interviews d’anciens partenaires de théâtre de Pierre Lauber était également diffusée. S’il était possible d’acquérir les œuvres présentées, l’avenir du reste de la collection est incertain. La vente des tableaux permettra de soutenir le financement d’un long métrage questionnant l’œuvre de Pierre Lauber en relation au métier d’artistes.

Une bien belle façon de prolonger la mémoire de l’artiste.

Le Quotidien Jurassien

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