Pour les jeunes, la santé mentale est un tabou à briser

Manuel Riat, Delémontain de 20 ans et stagiaire HEG, a participé au Conseil du futur, premier conseil citoyen pour jeunes de Suisse, entre septembre et novembre 2023. L’unique Jurassien de l’assemblée raconte son expérience.
Manuel Riat (à gauche), a participé à la première édition du Conseil du futur.
Manuel Riat (à gauche), a participé à la première édition du Conseil du futur.

Manuel Riat (à gauche), a participé à la première édition du Conseil du futur.

Clémence Houlmann
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Ce texte est publié dans la page Jeunes, composée d’articles écrits par des jeunes de la région sur des thèmes qu’ils choisissent en toute liberté.

Ciblant cette fois-ci la santé mentale chez les jeunes, l’objectif de ce Conseil du futur est de donner la parole aux jeunes en vue de solutions politiques.

"Une expérience très enrichissante!", déclare d’emblée Manuel Riat. Le Conseil du futur, association de 80 participants de 16 à 24 ans veut faire entendre la voix des jeunes, de tous milieux confondus. Les participants, tirés au sort, sont à l’image de la Suisse: 20'000 jeunes ont été choisis au hasard, puis questionnés et désignés pour représenter au mieux régions linguistiques, milieux sociaux ou encore positionnements politiques. "Il y avait des gens déjà très engagés politiquement, et d’autres qui n’avaient même pas le droit de vote", constate le Jurassien.

Une diversité selon lui profitable: "C’est une chance de rencontrer des jeunes de tout le pays". Il raconte qu’il y avait même des traducteurs à chaque séance pour s’assurer que les participants se comprennent. Les séances se sont déroulées à Zurich, puis à Lausanne et enfin à Locarno.

"J’espère que ce Conseil sera renouvelé et qu’on sera écoutés"

Le Conseil du futur, réuni autour du thème de la santé mentale chez les jeunes, a établi une liste de recommandations remise le 18 janvier 2024 à des représentants politiques de l’administration et de la société civile. Ces propositions émanent des jeunes et ont été votées par tous les participants. Parmi les 18 recommandations acceptées, on trouve des cours de soutien pour les nouveaux parents, la régulation des plateformes des réseaux sociaux, mais aussi des cours de sensibilisation aux problèmes psychiques dans les écoles. Cette liste a la prévention pour ambition.

Toutes les idées n’ont pas été retenues

Toutes les idées n’ont pas été retenues, jugées peu réalisables, comme celle d’une semaine de quatre jours. Idée que Manuel trouvait pourtant pertinente: "ce qu’on envisageait, c’est de diminuer le stress et d’aider à mieux concilier vie privée et professionnelle".

Cette expérience a été très importante pour Manuel. "J’espère que ce Conseil sera renouvelé et qu’on sera écoutés", affirme le Delémontain. Cet engagement lui a même permis de s’asseoir, le temps d’un instant, à la place des conseillers fédéraux. "J’ai pu participer à la conférence de presse expliquant notre projet, et m’asseoir au même endroit que tous les politiciens", se souvient-il.

Une expérience unique avec, en filigrane, l’espoir de faire bouger les choses en matière de bien-être en Suisse. Il ne reste plus qu’à suivre l’avenir de ces suggestions.

Gros plan sur la santé mentale des jeunes

"On pourrait résumer la santé mentale au fait de se sentir bien dans sa tête, dans son corps et sa vie", explique Tania Schindelholz. La cheffe de projet de la Fondation O2 a pour but d’aider ados comme seniors à comprendre et améliorer leur santé psychique. Pour elle, l’important est de libérer la parole sur ces difficultés que tout le monde peut rencontrer.

"La majorité des jeunes s’estiment en bonne santé psy", souligne d’abord Tania Schindelholz. Mais on remarque, par exemple par l’augmentation des hospitalisations pour des troubles mentaux chez les 10 à 24 ans, une détérioration de la santé mentale. Un constat inquiétant dû à plusieurs facteurs, dont le Covid-19, les réseaux sociaux et le climat, anxiogène. "L’isolement social lié au Covid-19 a été pesant et n’a pas épargné les jeunes adultes", remarque Tania Schindelholz. Selon une étude de l’UNICEF, 47% des 14 à 17 ans se sentent plus mal qu’avant la pandémie.

"Notre but est d’inciter les gens à ne pas garder ça pour eux", insiste Tania Schindelholz. Ce sujet n’est pas encore considéré au même titre qu’une douleur physique, ce qui peut le rendre dur à aborder. Selon la collaboratrice de la Fondation O2, il est aussi plus facile de cacher ce mal-être, les effets étant surtout invisibles. Les actions de la fondation visent à déstigmatiser ce sujet: "Plus on en parle tôt, plus on trouvera de l’aide rapidement". Rester seul accentue l’isolement, mais se confier peut tout changer.

Les actions de la Fondation O2

Avec le programme "MOICMOI", mis en place dans des collèges par exemple, on vise à renforcer les compétences psychosociales des élèves, en développant leur capacité à faire face aux défis de la vie en exprimant mieux leurs émotions. Le public ciblé, principalement les écoles, concerne aussi les professionnels entourant les élèves. Des conférences sont mises sur pied autant pour les professionnels que les proches en contact régulier avec des adolescents.

Tania Schindelholz, cheffe de projet de la Fondation O2.

Tania Schindelholz, cheffe de projet de la Fondation O2.

Le Quotidien Jurassien

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