Pour un maintien de la formation interjurassienne des constructeurs de route

Une vingtaine de membres de la section Jura bernois de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) ont tenu leur assemblée générale mardi à Sonceboz. Les enjeux en lien avec le futur départ de Moutier ont été évoqués, notamment au niveau de la formation.
Halle des maçons à Eschert
Halle des maçons à Eschert

Jura et Jura bernois collaborent de longue date pour la formation des apprentis maçons et constructeurs de route. Mais dans le second cas, un désaccord politique remet en cause cette collaboration, du moins pour la formation théorique.

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Céline Lo Ricco Châtelain
Céline Lo Ricco Châtelain
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S’il y a un domaine qui fait la fierté des entrepreneurs de la région actifs dans le domaine de la construction, c’est bien celui de la formation. Certains se souviendront qu’il y a une vingtaine d’années, les sections Jura et Jura bernois de la SSE avaient donné l’impulsion pour la construction à Eschert d’un bâtiment destiné à la formation des jeunes employés du secteur de la construction des deux régions.

Aujourd’hui, l’utilité de cette Halle des maçons n’est plus à prouver. Et pour ceux qui en douteraient, les chiffres donnés mardi devant l’assemblée par le responsable de la halle Damien Plumey achèveront de les convaincre. En 2023 en effet, ce ne sont pas moins de 91 apprentis du Jura et du Jura bernois (52 maçons et 39 constructeurs de route) qui ont fréquenté les lieux pour y suivre des cours pratiques.

Parmi eux se trouvaient 36 nouveaux apprentis (23 maçons – une toute belle volée – et 13 constructeurs de route). "Des chiffres qu’on nous envie ailleurs en Suisse romande", a assuré le président de la SSE-JB, Flavio Torti.

Une qualité à préserver

Les cours de formation continue (de grutier, machiniste, chef d’équipe ou pour l’élingage) ont aussi enregistré des taux de participation réjouissants. "Depuis que nous les proposons, les cours de machinistes ont été suivis par 500 personnes environ, alors qu’un permis n’est pas obligatoire dans ce domaine", a souligné Damien Plumey. "Cela prouve que la qualité de la formation et la sécurité sont privilégiées par les entrepreneurs de la région", a salué Flavio Torti.

"Séparer les élèves du Jura bernois de ceux du Jura ne ferait aucun sens au vu des effectifs."

Et cette qualité de la formation, la SSE-JB est prête à la défendre bec et ongles. Tout comme le fait d’en assurer la proximité. "À l’époque, on s’est battus pour éviter à nos jeunes de devoir aller à Colombier ou à Tolochenaz pour se former. Ça restera notre cheval de bataille. Nous collaborons bien avec le Jura et nous ne souhaitons pas que ça change", a insisté le président.

Et si Flavio Torti a tenu ces propos, ce n’est pas par hasard. Car en lien avec le transfert de Moutier en 2026, le flou règne pour l’instant sur l’avenir de la formation des constructeurs de route. "Jusqu’à présent, les maçons du Jura et du Jura bernois suivaient les cours théoriques à la division artisanale du CEJEF à Delémont, et les constructeurs de route au Ceff Artisanat à Moutier. Ce dernier devant déménager à Bienne, on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir", a expliqué Paolo Cattoni, membre du comité.

Conserver ce qui marche

Au vu des effectifs (n.d.l.r: sur les 13 nouveaux apprentis en 2023, 10 étaient Jurassiens), la logique voudrait que les apprentis continuent de suivre les cours à Moutier, où le canton du Jura pourrait installer certaines filières. Mais pour l’heure, les cantons n’ont pas réussi à s’entendre. "Séparer les élèves du Jura bernois de ceux du Jura ne ferait aucun sens au vu des effectifs. De notre avis, il n’y a pas à toucher ce qui fonctionne", a appuyé Paolo Cattoni.

Un avis partagé par le président de la SSE-Jura, Pierre-André Raboud, présent hier. "La formation est trop importante pour qu’on la laisse en mains des politiciens. Nous tenons à la proximité de ces filières", a-t-il déclaré. Et de rappeler qu’une solution pragmatique existe: "La halle des maçons est située à Eschert, sur territoire bernois. On pourrait imaginer y dispenser les cours théoriques", a-t-il suggéré.

"C’est l’intérêt des jeunes, et non des intérêts politiques, qui devraient primer. Nos apprentis n’ont pas à faire les frais d’un désaccord politique", a conclu Flavio Torti.

La perche est tendue à qui voudra bien la saisir…

Tour de Moron: une attente interminable

Parmi les autres points abordés, Flavio Torti a rappelé sa motivation à poursuivre la lutte contre le travail au noir, véritable fléau dans la construction. "Il manque clairement des inspecteurs, de la réactivité et des compétences d’intervention", a-t-il déploré. Une rencontre avec le canton est prévue au mois d’août.

Autre sujet qui a retenu l’attention des membres: l’avenir de la tour de Moron. Président du Conseil de fondation, Henri Simon est venu faire le point sur ce dossier qui peine à avancer, et qui vient de surcroît de changer de mains au sein du Ministère public. Il a rappelé que le site ne serait pas débarrassé tant qu’un verdict ne serait pas tombé. Il a rappelé qu’une plainte avait été déposée contre le marbrier chargé de fournir les marches, pour non-respect de la qualité exigée. "Nous n’avons même pas reçu d’accusé de réception de cette plainte. Nous ne voulons pas prendre le risque de faire disparaître des preuves." Henri Simon a aussi dit à quel point l’attente était difficile à supporter. "Il est compliqué d’entamer des démarches pour un nouveau projet tant que nous ne sommes pas blanchis". Il s’est toutefois montré enthousiaste en évoquant le projet de reconstruction, "qui pourrait impliquer plusieurs professions. Cette tour doit demeurer une tour de la formation professionnelle", a-t-il conclu.

Le Quotidien Jurassien

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