Procès de l'accident du TGV Est: Systra récuse toute responsabilité

Mise en cause par la justice dans le déraillement de la rame d'essai de la LGV Est européenne, qui avait causé la mort de onze personnes en novembre 2015 en Alsace, Systra, la société d'ingénierie en charge des essais, a récusé mardi toute responsabilité dans l'accident.
Le TGV avait déraillé à la hauteur d'Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée de 243 km/h (archives). KEYSTONE
Le TGV avait déraillé à la hauteur d'Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée de 243 km/h (archives). KEYSTONE

Le TGV avait déraillé à la hauteur d'Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée de 243 km/h (archives).

© KEYSTONE

ATS
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"Systra a rempli l'ensemble de ses obligations", a soutenu mardi Nicolas Massart, directeur technique et représentant légal de l'entreprise, filiale de la SNCF et de la RATP, à la barre du tribunal correctionnel de Paris

Interrogé depuis lundi, il a soutenu, dans un exposé "très technique et contractuel", selon ses propres mots, "long et filandreux", selon un avocat de parties civiles, que sa société n'avait "pas la compétence" concernant la conduite du train.

"Systra avait une responsabilité concernant l'exploitation de la ligne mais SNCF Mobilité était en charge de la conduite du train, domaine où nous n'avons aucune compétence", a-t-il insisté.

Le représentant de Systra, en costume noir, a constamment récusé toute responsabilité ou erreur dans la gestion des essais.

Sur le banc des parties civiles, des familles de victimes secouent la tête.

"Ce +on n'a rien à se reprocher+ est insupportable", s'emporte Me Gérard Chemla, avocat d'une cinquantaine de parties civiles.

Personnel inexpérimenté

Le représentant de Systra ne dévie pas. "Je comprends que ce que je dis est difficile à entendre pour les familles des victimes", admet-il.

Selon les experts judiciaires "Systra a confié la définition, l'organisation et la conduite des essais en survitesse à du personnel n'ayant pas l'expérience des essais en survitesse, et n'a pas compensé cette inexpérience par une formation appropriée et un accompagnement adapté à ce type d'essais".

Le chef d'essais à bord de la rame, salarié de Systra, est mort dans l'accident.

Les experts avaient dénoncé à la barre "des décisions, des actions, ou des absences d'action (de la part de Systra) ayant directement contribué à l'accident".

Depuis le début du procès, le 4 mars, aucun des mis en cause n'a admis avoir commis une faute voire joué un rôle même minime dans l'accident, survenu au lendemain des attentats du 13 Novembre.

Au tour de la SNCF

A l'ouverture du procès, le patron de Systra, Pierre Verzat avait affirmé que sa société "n'est pas à l'origine de l'accident". "Cette position participe au nécessaire débat concernant la manifestation de la vérité", avait-il ajouté.

L'enquête a établi que ni le matériel, ni la voie ne pouvaient être mis en cause pour expliquer le déraillement du TGV, qui emportait 53 personnes dont 28 "invités".

La vitesse excessive et un freinage trop tardif sont à l'origine de l'accident.

Le TGV a abordé une courbe à 265 km/h, très largement au-dessus des 176 km/h prévus à cet endroit. Il a déraillé 200 mètres plus loin, heurtant le parapet du pont au-dessus du canal de la Marne au Rhin à la hauteur d'Eckwersheim (Bas-Rhin), à 20 km de Strasbourg, à une vitesse estimée de 243 km/h.

Trois personnes en cabine de pilotage (le conducteur du train, le cadre chargé de lui donner les consignes de freinage et d'accélération et un technicien de Systra chargé de renseigner le conducteur sur les particularités de la voie) ainsi que trois sociétés (SNCF, SNCF-Réseau et Systra) sont jugées devant la 31e chambre du tribunal judiciaire de Paris pour homicides et blessures involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité.

Jeudi et vendredi, ce sera au tour du représentant de la SNCF de s'expliquer.

Au début du procès, le patron de la SNCF à l'époque, Guillaume Pepy, avait souligné que "l'analyse des risques relève du maître d'oeuvre (en l'occurrence Systra, ndlr), lui-même sous le contrôle du maître d'ouvrage (SNCF Réseau, ndlr)".

"Je pense que l'analyse de risques n'a pas été assez poussée et exhaustive", avait ajouté M. Pepy.

Le procès est prévu jusqu'au 16 mai.

Le Quotidien Jurassien

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