Très bonne année pour la chouette hulotte en Ajoie, avec 31 nichées

Les nidifications des chouettes hulottes sont importantes cette année en Ajoie. L’abondance de nourriture et, surtout, l’engagement de quelques passionnés expliquent cette réussite.
Chouette hulotte.
Chouette hulotte.

Cinq passionnés œuvrent en Ajoie pour la hulotte.

Josué Merçay
Josué Merçay
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Ils sont cinq passionnés d’ornithologie qui s’engagent chaque année pour la chouette hulotte. C’est grâce à leur travail – relevés, entretien et remplacement des nichoirs – que la population de ces rapaces nocturnes se porte bien en Ajoie.

Cette année, 42 nichoirs sont occupés sur les 127 posés, explique l’un des bénévoles, le biologiste de Miécourt Michel Juillard. Sur ces 42 nichées, 11 ont échoué. Soit les œufs ont été incubés longtemps, mais les embryons sont morts, soit il s’agissait d’œufs clairs, donc pas incubés ou stériles. Le biologiste se réjouit de ce pourcentage de réussite, évoquant une très bonne année. Il souligne qu’une forte production de glands et de faînes, dans certaines forêts d’Ajoie, a favorisé la reproduction des campagnols roussâtres et mulots à collier, nourriture appréciée de la hulotte.

Trois petites martres trouvées dans un nichoir

"On a eu plusieurs nichées de 5 ou 6 petites hulottes, même une de 7, ce qui est rare chez cette espèce, grâce à la forte présence de ces petits mammifères, relève le biologiste. En fonction de la nourriture disponible en hiver, les femelles peuvent passer d’un poids de 500 à 800 grammes, ce qui a une influence sur le nombre d’œufs qu’elles pondent." Au registre des surprises, la présence de trois petites martres dans un nichoir a ravi les bénévoles. C’est la première fois qu’ils voyaient ça, relève le biologiste, évoquant la découverte il y a quelques années de petits écureuils.

"Il ne reste que deux cavités naturelles connues dans des arbres où nichent les hulottes."

"Il y a une règle chez les mustélidés et d’autres mammifères comme le chat: si la mère est découverte, elle déplace sa nichée. Mais cinq jours après notre passage, les martres étaient toujours là!" Une jeune hulotte a également été retrouvée cette année avec le bec croisé. Michel Juillard parle d’un écrasement à la naissance plutôt que d’une malformation génétique. La chose est très rare, indique-t-il. Et l’oiseau ne pourra pas s’alimenter seul.

Collaboration avec le canton depuis 15 ans

"Il ne reste que deux cavités naturelles connues dans des arbres où nichent les hulottes, note encore le biologiste. Il y a en a aussi probablement dans des bancs rocheux à flanc du Mont-Terri et dans quelques carrières. Les coupes d’arbres ont eu raison de leurs habitats naturels."

Bien que la nichée de martres ait été dérangée, la mère n'a pas déplacé ses petits.

Bien que la nichée de martres ait été dérangée, la mère n'a pas déplacé ses petits.

Marcel Challet

Depuis 15 ans, les cinq bénévoles, qui sont le précité, Claude Fankhauser ainsi que les frères Marcel, Bernard et Marc Challet, collaborent avec l’Office jurassien de l’environnement pour préserver la présence de l’oiseau en Ajoie.

Des jeunes bénévoles espérés, pour la hulotte

"On arrive à contrôler 20 à 25 nichoirs par jour, ce qu’on fait deux fois par an, et à en réparer au maximum cinq sur une journée, note Michel Juillard. Et ils doivent être changés tous les dix ans." Le travail est conséquent et les bénévoles vieillissants, ajoute le biologiste: "Chaque année, je le mentionne dans mes rapports à l’Office de l’environnement. Si on veut pallier le manque de cavités naturelles pour garder cette population de hulottes sur le long terme, il faudra de la relève." Il craint toutefois qu’elle n’arrive jamais, observant que les jeunes ont du mal à s’engager bénévolement de manière suivie.

Le Quotidien Jurassien

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