Le camp de la guerre économique, civilisationnelle, civile, de l’accaparement des ressources, de la morale interventionniste et de la protection paternaliste donne de plus en plus de la voix mais perd du terrain.

Avec la guerre au Proche-Orient et en Ukraine, justifiées par la lutte contre le terrorisme et l’autocratie (qu’ils appellent démocratie autoritaire), on peut voir s’installer un système de double standard de valeurs morales. Si la Russie se voit condamnée et sanctionnée sévèrement pour son opération de soutien à la partie russophone de l’Ukraine, Israël, au-dessus du droit, peut chasser, expulser, déplacer et terroriser toute une population parquée à ciel ouvert à Gaza, sans de réelles sanctions, même pas juste morales. Notre pays se voit mis sous pression par le va-t’en guerre Zelensky, et ses tuteurs américano-européens pour saisir les fonds russes (ce qui n’est ni légal, ni légitime, ni intelligent) et nous inviter avec insistance à payer pour la reconstruction de dégâts d’une guerre par procuration de l’Otan.

Les petits paysans peuvent continuer à disparaître

La facture de l’accueil des personnes protégées sera aussi pour nous, comme la paysannerie française doit accepter l’invasion des produits agricoles ukrainiens pour soutenir son effort de guerre. Macron l’a dit, c’est vital pour une guerre autour "des valeurs" républicaines, les petits paysans peuvent continuer à disparaître, l’Ukraine deviendra l’importateur de référence, par la grâce du globalisme. Encore merci. La neutralité est en danger, notre rôle de médiateur peu aligné aussi. Il ne reste qu’à espérer que les juristes de la Confédération trouvent un moyen d’échapper à cette absurde soumission. Nous n’avons pas à choisir entre deux camps en confrontation en tant qu’État souverain. Individuellement, chaque citoyen peut le faire, mais pas l’État national. Même chose en Palestine où la pénalisation sous pression et menace de l’UNRWA n’est pas acceptable. Dialoguer avec tous est une marque suisse et le job est malheureusement repris par le Qatar, proche des États-Unis, et la Turquie, proche de la Russie et des USA. L’empêchement d’accéder en tant que Nation aux Jeux olympiques pour les athlètes russes et bélarusses est scandaleux et absurde en leur attribuant un statut de pseudo-neutralisation apatride. Le déchaînement terroriste par la nébuleuse Etat islamique et son instrumentalisation sont effrayantes.

Il suffit d’être patient

Avec les élections européennes qui s’approchent, on risque d’observer une vague d’euro-critiques et de défiance légitime vis-à-vis de la gouvernance actuelle, totalement sous l’influence des néoconservateurs américains et leurs intérêts géopolitiques. Ce n’est vraiment pas le moment d’accepter un accord-cadre avec la Commission européenne et ses pulsions centralisatrices et aliénantes. Le pire étant l’idéal européen néo-libéral et inclusif de vouloir nier l’aspect identitaire de la démocratie de proximité pour le transformer en inerte référence à une Constitution qui nie l’histoire des peuples, leur enracinement et leur narratif. Ceci pour tenter d’en faire une citoyenneté fictive de papier. L’élection possible de Trump à la présidence calmera aussi les néoconservateurs et leurs velléités agressives et dominatrices de mission morale à remplir, comme le contrôle de l’économie mondiale. Heureusement que le "Sud global", la Russie et la Chine, certes imparfaits et défendeurs de leurs intérêts, freinent le monde unipolaire en déclin agité. Nous n’aurons pas besoin d’un Suixit dans les prochaines années. Il suffit d’être patient et d’attendre les bouleversements à venir.