Pour ce qui est de l’entente avec la police, il poursuit avec un exemple: "Nous voulions organiser une rave vers Bassecourt. Nous avons commis une erreur en passant dans un endroit interdit aux véhicules. La police et le garde faune sont venus pendant le montage et nous ont priés de partir. On a discuté tranquillement avec eux et, comprenant leur position, on a plié bagage."

Greg*, membre d’un collectif jurassien de rave, se souvient aussi d’une saine collaboration avec les forces de l’ordre. "On était en rave à la cabane de Courgenay. Cinq maires des alentours ont appelé la police car ça résonnait fort. L’amie qui avait loué la cabane à son nom se trouvait être la fille d’un notable du coin. Soudainement, les policiers étaient bien plus bonnards. Nous leur avons présenté la décharge de responsabilité puis nous avons échangé, par messages, directement avec eux pendant la soirée pour leur demander si le volume était correct. La fête a pu se poursuivre jusqu’au lendemain 14 h." Preuve qu’avec un peu de bonne volonté, tout est possible.

Mauvaise presse

Certains cantons ont formé leurs policiers pour faire face à ce type de fête sauvage. Des sortes de brigades anti-rave. Une telle idée dans le Jura pourrait faire son chemin. Séb la juge disproportionnée. "Elle serait le résultat du comportement des non Jurassiens qui viennent et exagèrent. Afin d’apaiser toutes ces tensions autour de ce phénomène, il faut sortir du cliché des jeunes marginaux et drogués en rencontrant les autorités pour montrer qu’on fait les choses en règle. Les communes auxquelles on demande des autorisations ou la location d’une cabane sont très fréquemment réticentes à cause de la mauvaise réputation des ravers. En France, certains départements ont délimité des zones où il est toléré qu’une rave s’y organise, par exemple."

Sous certaines conditions

Pour les autorités déjà confrontées à ces fêtes sauvages, tout interdire n’est ni souhaitable ni réalisable. "Pour une fête déclarée, nous serons toujours prêts à discuter. Mais sous certaines conditions, notamment le volume sonore. Il faudrait aussi prendre en compte la période de l’année. Car une fête dans les pâturages lorsque le bétail est dehors, c’est très dangereux", esquisse le maire des Breuleux Renaud Baume.

"C’est aussi le rôle du politique de répondre à ce phénomène de société qui va forcément se répéter. Fliquer partout et tout interdire n’aurait pas de sens. C’est pourquoi nous devons travailler pour établir, d’une part, une procédure policière stricte concernant les fêtes sauvages, et de l’autre, avec ceux qui ont de la bonne volonté, les rencontrer, sensibiliser aux risques et leur permettre d’organiser leurs fêtes déclarées s’ils font preuve de respect. Je pense que le Gouvernement jurassien a minimisé ce phénomène. Maintenant qu’il est bien réel, il est temps de le considérer pleinement", ajoute le député du Centre Jacques-André Aubry.

"Ça va continuer quoiqu’on fasse donc le dialogue n’est pas seulement souhaitable mais essentiel! Il faut remettre de la proximité entre fêtards et gendarmes, en rencontrant ces jeunes afin de les connaître", termine le policier retraité et député Blaise Schüll.

Tout le monde semble donc prêt à faire un pas vers l’autre. Comment cela se traduira dans les faits? Affaire à suivre…

*Prénoms d’emprunt

La vie de rave