Policemen and firefighters work by a fallen crane after violent storm swept through the city of La Chaux-de-Fonds, Switzerland, Switzerland, Monday, July 24, 2023. A storm swept across part of the canton of Neuchatel, causing heavy damage. The Neuchatel police reported one death in La Chaux-de-Fonds and numerous injuries. (KEYSTONE/ Valentin Flauraud)
Magazine
- 27.12.2023

Retour sur 2023 (deuxième partie)


L’abandon du rapprochement entre Fontenais et Porrentruy n’a pas sonné le glas des fusions en Ajoie

On poursuit notre rétrospective 2023 avec l’abandon de la fusion entre Fontenais et Porrentruy. Déçus de ne pas avoir trouvé un terrain d’entente, les deux maires concernés, comme d’autres en Ajoie, verraient pourtant d’un bon œil une fusion à plus ou moins large échelle.
Dans le cadre du processus de fusion, les habitants de Porrentruy, Fontenais Bressaucourt (photo) et Villars avaient été invités à des cafés participatifs.
Dans le cadre du processus de fusion, les habitants de Porrentruy, Fontenais Bressaucourt (photo) et Villars avaient été invités à des cafés participatifs.

Dans le cadre du processus de fusion, les habitants de Porrentruy, Fontenais Bressaucourt (photo) et Villars avaient été invités à des cafés participatifs.

© BIST/Robert Siegenthaler

Le projet de fusion entre Fontenais et Porrentruy datait de la précédente législature. Le comité de fusion avait vu le jour en fin d’année 2021 avec l’ambition de faire de la nouvelle commune une entité dépassant les 8000 habitants. La fusion avec Fontenais devait aussi constituer le premier pas d’un rapprochement à plus large échelle de la couronne bruntrutaine. Car le 1er janvier 2026, Porrentruy devrait devenir la quatrième commune du canton (derrière Delémont, Moutier et Haute-Sorne) et certains craignent une mise à l’écart de l’Ajoie au profit d’un axe Moutier-Delémont.

"Les conditions n’étaient pas réunies"

Mais le 21 mars dernier, le projet s’effondre: le Conseil communal de Fontenais annonce avoir renoncé à poursuivre le rapprochement. La surprise est grande, tant les attentes des autorités de Fontenais envers cette fusion étaient élevées. "Les conditions pour réussir une votation n’étaient plus réunies", justifie le maire Yves Petignat, regrettant que "les choses ne se soient pas mieux passées."

"On perdait notre temps, des deux côtés."

Il explique avoir perçu un manque de volonté du côté de Porrentruy. "À la dernière séance du comité de fusion, on était trois politiques de Fontenais, alors qu’il n’y avait que le maire et le chancelier pour Porrentruy, prend-il pour exemple. On perdait notre temps, des deux côtés." Yves Petignat ajoute que le maire de Porrentruy Philippe Eggertswyler s’était positionné contre cette fusion. Le changement d’autorités municipales a même été "déterminant" et a précipité la décision d’arrêter, note le maire de Fontenais.

Un rapport qui aurait amené des réponses

"Je ne me suis pas opposé, je disais juste qu’il fallait attendre le rapport final qu’on avait commandé à un bureau et qui nous aurait amené des éléments de réponse, se défend Philippe Eggertswyler. C’est dans ce sens que l’ensemble de l’exécutif bruntrutain a été surpris par cette décision des autorités de Fontenais." Le maire estime avec le recul qu’il était peut-être trop tôt pour fusionner avec Fontenais.

"On se rend compte, quand on est face à des gros dossiers comme le Collège Stockmar ou la patinoire, que ce serait plus simple avec une commune unique dans le district, explique Philippe Eggertswyler. Mais c’est un sujet sensible et ça doit se faire pas à pas, si ça se fait." Selon Yves Petignat, un district à trois ou quatre communes constituerait une solution raisonnable. "Il faudrait aussi mettre en place une nouvelle gouvernance, une sorte de communauté de communes", ajoute-t-il.

L’exemple glaronnais

Maire de Cœuve, Pierre-André Henzelin est un fervent défenseur d’une commune unique à l’échelle du district. "Je sais que mes arguments ne provoquent pas toujours une joie immense, admet-il. Les rumeurs sur les aspects négatifs des fusions ont la dent dure." Selon lui, une telle fusion engendrerait de "très grandes économies", par exemple au niveau du matériel de voirie et des systèmes informatiques.

Pierre-André Henzelin ne voit pas d’intérêt aux fusions à petite échelle qui risquent de déboucher plus tard sur d’autres fusions. "On ne va pas faire une commune riche avec 20 communes pauvres. Mais on aurait plus de poids avec 24'000 habitants." Le maire de Cœuve cite en exemple le canton de Glaris, divisé depuis 2011 en trois communes: une pour le nord du canton, une pour le sud et une pour la ville de Glaris.

Mais pour qu’une fusion à grande échelle réussisse, il faudrait garder une commission locale dans chaque localité, poursuit Pierre-André Henzelin. Dans le même ordre d’idée, Yves Petignat explique qu’à Bressaucourt, village fusionné à Fontenais, une Fête aux cerises a eu lieu cet été pour permettre aux habitants de se retrouver au sein de leur propre localité.

"Probablement plus grand-chose à dire"

La perte de proximité est l’une des principales crainte de ceux qui militent contre une commune unique. John Moser en fait partie. Il dirigera dès le 1er janvier la toute fraîche commune de Basse-Vendline, née de la fusion de Bonfol et Beurnevésin. Le futur maire regrette que Vendlincourt ne les ait pas rejoints dans la fusion et pourrait imaginer un district de Porrentruy comptant entre trois et six communes. "Par contre, avec une commune unique, on n’aurait probablement plus grand-chose à dire. Les habitants de Bonfol et de Beurnevésin me connaissent et savent qu’ils peuvent m’appeler. Ce serait impossible de garder une telle proximité avec une commune unique." tranche-t-il.

Selon John Moser, si beaucoup de maires sont favorables à une telle fusion, ce n’est pas forcément le cas de la population dans sa globalité. Un constat partagé par Philippe Eggertswyler. "Le peuple aura de toute manière le dernier mot", souligne-t-il. Yves Petignat, lui, ne voit pas de signe favorable à une large fusion impliquant Porrentruy et sa couronne avant dix ans.

Grandfontaine se développe de son côté

Au cœur de la région de Haute-Ajoie, le petit village de Grandfontaine n’a jamais fusionné avec la commune du même nom. Et à en croire le maire Sylvain Quiquerez, ce n’est pas à l’ordre du jour. "On se développe de notre côté et les partenariats avec Haute-Ajoie fonctionnent très bien, assure-t-il. On a toujours trouvé du monde pour rejoindre le Conseil et les sociétés." Rester autonome comporte des avantages et offre par exemple plus de libertés dans la direction à donner au Plan d’aménagement local, ajoute le maire. "La collaboration entre les communes est un projet, pas la fusion en soi."

Un autre argument parfois soulevé dans le cadre des fusions est celui du coût qu’elles engendrent pour les communes concernées. Selon le délégué aux affaires communales Christophe Riat, le projet de fusion entre Fontenais et Porrentruy a coûté 129'000 francs, soit 15,60 francs par habitant. Beaucoup plus modeste, celui de Basse-Vendline revient à 22'000 francs, soit 29 francs par habitant. Le coût dépend principalement de l’ambition accordée au projet de fusion et de l’appel, ou non, à un bureau spécialisé, indique encore Christophe Riat.

Le Quotidien Jurassien

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